PS : les frondeurs s'attendent à une explication musclée

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Louis Hausalter , modifié à
JUSTE UNE MISE AU POINT - Après le douloureux épisode du 49-3, le bureau national du Parti socialiste, qui se tient mardi, s'annonce animé.

Une semaine après le psychodrame, l'heure est aux explications. Le recours contraint à l'article 49-3 pour faire passer la loi Macron à l'Assemblée nationale sera le principal sujet du bureau national du Parti socialiste, qui se réunit mardi en fin d'après-midi. Avec cette question : quel sort réserver aux "frondeurs", tenus pour responsables de ce couac ?

Cambadélis veut mettre "les points sur les i". Tout le week-end, les hiérarques du Parti socialiste ont multiplié les avertissements. "On va avoir une discussion avec tout le monde et je mettrai les points sur les i", a expliqué Jean-Christophe Cambadélis, dimanche sur Canal+. Même si le premier secrétaire du PS, accusé en coulisses par Matignon de ne pas avoir fait son job pour rassembler une majorité, cherche à relativiser les conséquences de cet épisode. "Le Parti socialiste n'est pas fracassé", a-t-il assuré.

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"Personne n'est obligé de rester dans un parti". Bruno Le Roux s'est montré plus martial. Le patron des députés socialistes a dénoncé dimanche, sur France 3 et France Inter, "des députés qui souvent préfèrent faire l'actualité immédiate plutôt que de réfléchir à moyen terme dans la façon dont ils travaillent". Il réclame désormais "des règles claires", rappelant que "personne n'est obligé de rester dans un groupe ou un parti si on ne s'y retrouve plus. Quand on y appartient, on accepte les décisions collectives".

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Hollande en appelle à "la responsabilité". L'exécutif aussi a donné de la voix. François Hollande a profité de l'inauguration du Salon de l'agriculture, samedi, pour appeler la majorité à "la responsabilité". "Il y a un moment où si les parlementaires ne font pas ce que veut le pays, il y a une forme de défiance qui s'installe", a-t-il averti. Même tonalité chez Manuel Valls, qui a appelé dimanche à "être sérieux et se comporter comme il le faut, c'est-à-dire avec le sens de l'intérêt général". Pour le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, qui s'exprimait sur BFMTV, "on ne peut pas rester comme s'il ne s'était rien passé".

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Quelle sanctions possibles ? Face à ces déclarations d'intention, les frondeurs se font discrets. Mais dans l'immédiat, ils ne risquent pas grand-chose. Bruno Le Roux a exclu toute exclusion, qui serait "un affaiblissement collectif" selon lui. En réalité, plutôt que de sanctionner pour des faits passés, il serait plutôt question, au PS, de prendre des mesures pour l'avenir. Après le rejet de la motion de censure, jeudi, le député Razzy Hammadi a émis l'idée d'interdire aux députés socialistes de s'opposer aux textes du gouvernement. "Le congrès du PS à Poitiers peut intégrer cette disposition dans le règlement du parti", a-t-il suggéré.

Rendez-vous au congrès. La proposition ne manquera pas de faire polémique, dans un Parti socialiste par nature rétif à toute caporalisation. Seule certitude : la grande explication n'aura visiblement pas lieu mardi, mais attendra le congrès de juin, pour lequel les manœuvres sont bel et bien engagées.

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