Plus de contrôle aux frontières dans les Hautes-Alpes. Voilà en substance ce qu’a annoncé lundi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, après avoir qualifié de "gesticulations" l’opération choc menée ce week-end par Génération identitaire. Le groupuscule d’extrême droite a bloqué le col de l’Échelle dans les Hautes-Alpes, devenu depuis plusieurs mois point de passage pour les migrants venus d’Italie. À coup d'hélicoptères et de 4x4, cette opération ultra organisée a pris les allures d'un coup de com' ultra soignée. De quoi s'interroger sur l'identité de ces activistes, mais aussi sur leur financement, puisqu'à en croire les organisateurs, le blocage du col leur aurait coûté la bagatelle de 30.000 euros.
D'où vient l'argent qui finance les actions du groupe ?
À les entendre ce sont des dons - des adhérents, des militants, des sympathisants -, de 10 à 500 euros sur leur site internet, mais aussi des montants libres sur différentes plateformes de financement participatif, qui alimentent le groupe. "Il n'y a pas de personnalités ni d'organisation, ce sont vraiment des particuliers qui ont pu voir nos actions dans les médias et sur les réseaux sociaux", affirme à Europe 1 Romain Espino, le porte-parole du mouvement. "Dans chaque opération de levée de fonds, il y a des plus gros donateurs et des plus petits, en fonction de leurs moyens, mais ce sont vraiment des particuliers lambda".
L’an dernier, c’est pourtant l’ultra droite américaine qui avait relayé leur levée de fonds, soutenue entre autre par des poids lourds du suprémacisme blanc. Génération identitaire avait ainsi récolté 300.000 euros pour mettre à flot son navire anti-migrants en Méditerranée. Même formule que le week-end dernier ; une opération de communication très visuelle, et où les militants apparaissent toujours à visage découvert.
Qui sont les militants de Génération identitaire ?
Ces activistes sont généralement très jeunes, avec une moyenne d'âge de 22 ans, et comptent beaucoup d’hommes. Ils sont 2.000 adhérents en France, surtout présents à Lyon et à Nice. Mais le groupe a aussi des ramifications en Italie, en Autriche et en Allemagne. Génération identitaire s’appuie sur de petits noyaux militants très actifs un peu partout en Europe, analyse le politologue Jean Yves Camus. "Ce sont des gens qui ont une idée de l'identité européenne qui transcende les cadres nationaux. Ainsi, avec une action quelque part, ils font venir des militants de partout", explique-t-il.
"Ils souhaitent éviter, dans la gestuelle, l'habillement ou le look tout ce qui pourraient les faire assimiler à des fascistes ou des néo-nazis. Il s'agit tout simplement d'être normal", pointe encore ce spécialiste. Certains s’identifient même à des "bobos de droite".
Quels liens entre Génération identitaire et le Front national ?
Issus de milieux aisés ou modestes, les jeunes de Génération identitaire ont pris la succession des jeunesses du bloc identitaire, aujourd’hui inactif. Il s'agirait même d'une sorte d’école de formation pour rejoindre le Front national de l'avis de certains spécialistes, bien qu'officiellement il n'y ait aucun rapport entre le parti de Marine Le Pen et Génération identitaire.
Mais le Front national ne cache pas sa sympathie à leur égard. Lundi, le vice-président Louis Aliot a salué sur BFM TV une opération de com’ réussie. "Efficace" a même reconnu l'eurodéputé Nicolas Bay sur LCP. Génération identitaire serait la véritable jeunesse du Front national pour l’écrivain Éric Dupin, qui a enquêté plusieurs mois sur le mouvement pour son ouvrage La France identitaire. Selon lui, Génération identitaire sert le FN en occupant le terrain et en mobilisant des jeunes qui ont vocation ensuite, pour certains, à rejoindre les rangs du parti.