Enseigner plus pour gagner plus. Nicolas Sarkozy a précisé, mardi, les mesures de son programme consacrées à l'éducation. En meeting au zénith de Montpellier, le candidat de l'UMP a défendu l'idée que, sur la base du volontariat, les professeurs du second degré aient la possibilité de travailler 26 heures par semaine, contre 18 actuellement, avec la clé "25%" de salaire en plus, soit 500 euros net par mois. Avec cette proposition, Nicolas Sarkozy ressort du tiroir un axe majeur de sa campagne de 2007 : "travailler plus pour gagner plus", adapté cette fois-ci au monde enseignant.
Un slogan qui a bercé la campagne de 2007 et marqué les esprits. Dès le 31 janvier 2007, dans un entretien au Figaro, le candidat Sarkozy annonçait la couleur :"je veux être le candidat du travail". Quinze jours plus tard, à La Réunion, Nicolas Sarkozy avait prévenu: "Il faut que celui qui se lève tôt pour aller travailler soit mieux récompensé que celui qui a décidé de ne plus se lever !".
Le candidat de l’UMP avait alors mis un point d’honneur à rencontrer "la France qui se lève tôt", illustré par une mémorable visite du marché de Rungis le 21 février. Nicolas Sarkozy avait alors mis en avant son goût pour la "valeur travail", s'affirmant aux côtés des travailleurs avec un seul mot d’ordre : "libérer le travail" pour "qu'il soit enfin récompensé".
"Je m'engage si je suis élu"
Un "travailler plus pour gagner plus" qu’à l’époque déjà Nicolas Sarkozy avait tenté de "vendre" au monde enseignant. Le candidat UMP n’était pas rentré dans les détails, mais dans son discours à Maisons-Alfort le 2 février 2007, il lançait déjà depuis la tribune : "Je sais combien leur pouvoir d'achat et leurs conditions de travail se sont dégradés. Je sais combien les perspectives de carrière se sont réduites pour beaucoup d'entre eux. Je sais combien ils sont démoralisés d'avoir le sentiment qu'on ne les respecte pas, et qu'on les abandonne à leur sort sans moyen et sans direction. Ils ne doivent pas être les boucs émissaires de la faiblesse de l'école".
Réécoutez le discours de Nicolas Sarkozy à Maisons-Alfort (passage clé à la 34' minute) :
Celui qui "veux être le président du pouvoir d’achat" fait alors une promesse : "Je m'engage si je suis élu à leur rendre la considération qui leur est due, à revaloriser leur carrière si dévalorisée depuis un quart de siècle. (…) Je m'engage à ce que ceux qui voudront travailler davantage puissent gagner plus".
"Ce n’est pas ce qu’il va faire"
Le président-candidat martèle encore aujourd’hui qu’il préfère des enseignants plus présents que "mal payés car trop nombreux". Pourtant, depuis 2007, force est de constater que le chef de l’Etat s’est davantage attardé sur le volet suppression de postes que sur le pouvoir d’achat des enseignants. 80.000 suppressions de postes dans l’Education nationale en cinq ans et une revalorisation de 10% pour les revenus des enseignants en début de carrière.
Autant dire que pour les syndicats d’enseignants, la nouvelle promesse du candidat Sarkozy sent le réchauffé. "Le président de la République avait promis en 2007 une revalorisation du salaire qui n'est pas venue", souligne Bernadette Groison, de la FSU, principale fédération de l’éducation. Pour la syndicaliste, Nicolas Sarkozy "veut faire croire qu'il va donner un coup de pouce aux salaires des enseignants mais ce n'est pas ce qu'il va faire une fois encore". "Il y a une duperie et une forme de chantage assez injuste", conclut-elle.
Pour Patrick Pour Gonthier de l'Unsa-Eduation, Nicolas Sarkozy est "en décalage avec la réalité parce qu'il y a beaucoup de professeurs qui font 21 ou 22 heures, contraints de faire des heures supplémentaires à cause des suppressions de postes et ils sont au-delà des 25%" de hausse salariale proposée par le candidat UMP.
"On a déjà eu le slogan en 2007"
Même son de cloche dans le camp Hollande. Invité d'Europe1 mardi, Vincent Peillon, le "Monsieur Education" du candidat socialiste a critiqué la proposition de Nicolas Sarkozy de mieux rémunérer les enseignants. "Mieux payer les enseignants, on a déjà eu le slogan en 2007 et on sait déjà que ce sera une promesse non tenue", a déclaré le socialiste.
De son côté, François Hollande a qualifié mercredi de "marché de dupes" la proposition de Nicolas Sarkozy. "Près de 50% de présence supplémentaire payée 25% (de plus), vous en connaissez beaucoup qui vont accepter ce marché de dupes?", s’est interrogé le candidat socialiste. Pour le favori des sondages, "il y a là comme une incohérence, et c'est le mot qui peut résumer non seulement le quinquennat de Nicolas Sarkozy mais surtout sa politique éducative", a-t-il estimé.