Si la "petite contrition" d'Emmanuel Macron ne le convainc pas, Bruno Retailleau "espère que la crise va pouvoir s'éteindre"

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Anaïs Huet , modifié à
Au micro d'Audrey Crespo-Mara mardi matin, Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, a analysé l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron.
INTERVIEW

Des mesures sociales et un mea culpa. Lundi soir, dans une allocution télévisée très attendue, Emmanuel Macron a tenté d'apaiser la colère des Français qui s'exprime depuis plus de trois semaines à travers le mouvement des "gilets jaunes". Au micro d'Audrey Crespo-Mara mardi matin sur Europe 1, Bruno Retailleau, le président du groupe Les Républicains au Sénat, a dit "espérer" que les annonces du chef de l'Etat parviendront à mettre fin à la crise. "Je pense vraiment que ces mesures vont apaiser les Français, au-delà des 'gilets jaunes'. J'espère que la crise va pouvoir s'éteindre", a-t-il déclaré.

"Des avantages un peu catégoriels". Parmi les mesures annoncées par Emmanuel Macron figure l'exemption de la hausse de la CSG pour les retraités gagnant moins de 2.000 euros par mois. "C'est une bonne décision", estime le sénateur, qui regrette cependant que "tous les retraités ne puissent voir leurs retraites réindexées." "Ce sont des avantages un peu catégoriels", déplore-t-il.

Quant à la hausse du Smic, Bruno Retailleau tient à dissiper "le flou". "Emmanuel Macron a indiqué qu'il augmentait la rémunération, pas en augmentant le Smic, mais en augmentant la prime d'activité", note l'élu LR, qui se satisfait que le locataire de l'Elysée n'ait pas choisi "d'augmenter le coût du travail en France." "Je suis toujours contre une augmentation du Smic parce qu'on sait que ça détruit l'emploi des plus fragiles", assure-t-il.

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"Le ravage des petites phrases polémiques". Toutefois, Bruno Retailleau ne compte pas uniquement se satisfaire d'effets d'annonces, et attend un changement de comportement du président de la République. "Emmanuel Macron a dit qu'il avait pu blesser les Français. Et on ne dira jamais ce qu'a fait comme ravages le goutte-à-goutte des petites phrases polémiques. Mais ce n'est pas une petite contrition qui va me convaincre, c'est un comportement dans la durée", juge-t-il.

"Emmanuel Macron a voulu grimper tout en haut, mais il s'est retrouvé tout seul face aux Français. Les gens veulent de la considération, ils veulent compter, et ils ont le sentiment qu'il y a une technocratie parisienne qui joue contre la démocratie. On leur vole leurs votes", considère l'élu LR, qui dit avoir entendu le "cri existentiel" des "gilets jaunes".

"L'injustice fiscale" de la politique macronienne. "Quel est le problème des 'gilets jaunes', des Français, des classes moyennes ? C'est un problème de déclassement économique. La mondialisation a complètement écrabouillé les classes moyennes. La politique d'Emmanuel Macron, dans son injustice fiscale, a fait plus, puisque moins de 2% des Français ont empoché le maximum à travers un certain nombre de mesures fiscales. Il y a une grande injustice", considère Bruno Retailleau.

"Les impôts doivent baisser pour tous". Pour autant, l'annulation de la suppression de l'Impôt sur la fortune, réclamée par les "gilets jaunes", n'aurait pas été une bonne chose. "L'erreur ne consistait pas à supprimer l'ISF, l'erreur consistait à faire payer par les retraités et les familles cette suppression. Quand les impôts baissent, ils ne doivent pas baisser pour les plus riches, ils doivent baisser pour tous", martèle le président du groupe LR au Sénat.

Avec les annonces de la semaine précédente (gel de la taxe sur les carburants, des tarifs de l'électricité et du gaz), ajoutées à celles de lundi soir, Bruno Retailleau évalue à "14 ou 15 milliards d'euros" le montant de la dépense publique. "Pour quelques-uns, il y aura des bénéfices, et pour quelques autres il y aura encore plus d'impôts."