Jean et Pierre-François Veil étaient les invités de Thomas Sotto sur Europe 1, mardi. Il y a quarante ans moins un jour, le 26 novembre 1974, leur mère Simone Veil défendait devant l'Assemblée nationale son projet de loi légalisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG). "Nous sommes allés l'un et l'autre à l'Assemblée essayer de la soutenir", s'est souvenu Pierre-François. "Il faut voir les images pour se souvenir à quel point l'Assemblée nationale de 1974 ne ressemble pas complètement à celle d'aujourd'hui". L'Hémicycle comptait alors seulement neuf femmes.
"On n'avait pas mesuré la violence". "Evidemment, j'étais très fier de maman et je regardais tout ça avec beaucoup d'attention", a expliqué Jean Veil. "On n'avait pas encore mesuré la violence qui allait se déchaîner après". Et notamment celle des mots prononcés à l'Assemblée nationale. "Je me souviens qu'un parlementaire était venu avec des fœtus dans un bocal avec du formol, et un autre avait accusé maman de vouloir jeter les cadavres des fœtus aux fours crématoires, ayant totalement oublié ce qu'avait été le passé de maman", a raconté Jean Veil. Simone Veil est une rescapée des camps de la mort, où ses deux parents ont péri.
"On n'avorte pas tous les jours". "Elle a été meurtrie par la violence, mais je crois quand même qu'il ne faut pas oublier le combat qui avait été mené par Lucien Neuwirth pour la pilule, qui était extraordinairement important pour la vie quotidienne des femmes, beaucoup plus que l'avortement", a poursuivi Jean Veil. "L'avortement, comme le rappelait maman, c'est un drame. On n'avorte pas tous les jours. Tandis que la pilule a été un moment de liberté".
"Il m'arrivait le soir d'aller chercher maman et nous rentrions tout de même à pied", a relaté pour sa part Pierre-François Veil. "Il y a avait une ambiance un petit peu tendue, mais maman marchait à pied dans la rue, ce n'était pas un souci".
"Elle va pas mal". Comment se porte Simone Veil, quarante ans après son discours resté célèbre ? "Elle va pas mal, elle a 87 ans", a répondu Jean Veil. "Elle a décidé après la mort de mon père de ne plus apparaître en public".