Emmanuel Macron 1:21
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Louis de Raguenel, édité par Mathilde Durand
Le projet de loi dit des "4D" a été adopté mercredi en Conseil des ministres. Le texte prévoit, entre autres, la suppression du corps préfectoral. La fonction de préfet sera maintenue, mais réformée. Du côté des hauts-fonctionnaires, la colère gronde. Au moment où le chef de l'Etat se veut de plus en plus sécuritaire, cette annonce interroge. 

Un mois après l'annonce par Emmanuel Macron de la suppression de l'ENA, le gouvernement a adopté mercredi en Conseil des ministres le projet de loi sur la décentralisation, dit loi "4D", porté par Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires. Derrière ce texte se cache une volonté de différenciation, de décentralisation, de déconcentration et de décomplexification, un "barbarisme" reconnu par le ministère qui signifie la simplification. Il entérine aussi la suppression du corps préfectoral, tout en maintenant la fonction de préfet. Une annonce qui ne passe pas du côté des hauts-fonctionnaires.

Une décision surprenante pour les préfets 

La décision est aussi surprenante qu'incompréhensible pour la plupart des 250 préfets en poste dans les départements. Des hauts fonctionnaires, taillables et corvéables à merci, qui se demandent ce qui a bien pu se passer dans la tête d'Emmanuel Macron, à un moment où le chef de l'état passe son temps à parler de restaurer partout l'autorité de l'Etat.

Pour dépoussiérer l'institution, tout le monde semble plutôt d'accord. Cette dernière n'a pratiquement pas bougé depuis la création du corps préfectoral par Napoléon. "Il est nécessaire de la moderniser", reconnait un préfet très expérimenté, qui estime néanmoins que la décision de la supprimer risque de remettre en cause "le principe même de la continuité de l'Etat".

Un risque pour Macron

Avec cette réforme, il ne sera plus nécessaire d'avoir une expérience de terrain pour progresser. Et les nominations pourraient être plus politiques, ce qui pose un problème d'indépendance. Le média Acteurs Publics explique que la fonction devrait désormais tendre "à devenir un emploi sur lequel on serait détaché pour un temps", à l'instar des administrateurs civils sur des postes de sous-préfet.

A un an de la présidentielle, alors qu'il est très attaqué sur le régalien, Emmanuel Macron prend un vrai risque en s'attaquant à "la colonne vertébrale de l'Etat", la Préfectorale; qui l'a véritablement sauvé pendant la crise des "Gilets jaunes".