Nouvelle manifestation sous les fenêtres de Christiane Taubira. Après les policiers, les avocats, c’est au tour des surveillants pénitentiaires de protester contre un manque de moyens. La ministre de la Justice fait face à des frondes multiples et va jusqu'à décourager sa propre équipe où les défections sont nombreuses.
Une ministre "ingérable". La directrice adjointe de cabinet, Anne Berriat, devrait quitter prochainement quitter son poste pour devenir procureur générale de la cour d’appel de Reims. Christiane Taubira va donc perdre son sixième directeur de cabinet ou directeur adjoint en trois ans. Ce qui équivaut à un départ tous les six mois dans sa garde la plus rapprochée. Et la ministre peine à trouver des remplaçants. Au printemps, ce poste d'éminence grise, pourtant stratégique, est resté vacant plus de deux mois. De manière générale, c'est une valse quasi-permanente de conseillers.
Une ministre aussi brillante qu'ingérable disent ceux qui la côtoient. Ajoutez à cela des réformes qui n'avancent pas. Certains décrivent des piles de parapheurs qui s'entassent dans son bureau. Des documents dont l'administration attend la signature. En mai dernier, le Canard Enchaîné avait révélé l’ambiance "irrespirable" au sein de cabinet de la ministre, réputée très exigeante. Un conseiller avait alors tenté de désamorcer la polémique en publiant sur Twitter une photo de la "team Taubira" tout sourire, avec en légende : "on va bien merci".
On va bien, merci :) @canardenchaine#TeamTaubirapic.twitter.com/qihl3PfjAQ
— Elie Patrigeon (@epat4) 19 Mai 2015
"Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour". Aujourd'hui, c'est donc son propre ministère qui dit "non" : avocats, surveillants pénitentiaires et même procureurs. Ces derniers, qui ne supportent plus l'étiquette de magistrats à la botte du pouvoir, attendent toujours la réforme du statut du parquet. Surtout, ils déplorent qu’en raison d’un manque d’effectifs, leurs missions se multiplient. Résultats : ils ne peuvent plus se concentrer sur leur cœur de métier : le quotidien de la délinquance.
La semaine dernière, à Paris, lors de leur réunion annuelle, l'un d'eux s'est adressé directement à Christiane Taubria : "Madame la ministre, il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour". La formule a fait mouche. Le divorce n'est pas loin.