Face à la situation inédite dans laquelle se trouve François Fillon, le parti Les Républicains a convoqué son comité politique. Avec 24 heures d'avance sur ce qui était prévu, les cadres du parti se réunissent lundi en fin de journée, dans leurs locaux du 15ème arrondissement de Paris. Au menu, la situation de François Fillon, lâché par une partie de son camp, et qui se dirige en outre vers une mise en examen mi-mars dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs concernant son épouse et ses enfants.
Une initiative Accoyer-Larcher. Bernard Accoyer, secrétaire général du parti Les Républicains, et Gérard Larcher, président du Sénat et dudit comité politique, ont annoncé la tenue de cette réunion samedi, alors même que François Fillon était en plein meeting à Aubervilliers. En réunissant l'instance, ils entendent "évaluer la situation (…) compte tenu de l'évolution de la situation politique à sept semaines du premier tour de l'élection présidentielle", ont détaillé les deux cadres du parti dans un communiqué.
Une quinzaine de membres. Constitué par François Fillon lui-même, fin novembre, après sa victoire à la primaire de la droite, comme le prévoient les statuts du parti, ce comité est composé de 17 membres, dont des candidats à la primaire ou leurs représentants : Gérard Larcher, Bernard Accoyer, Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez, Christian Jacob, Nathalie Kosciusko-Morizet, Virginie Calmels, François Baroin, Thierry Solère, Jean-François Copé, Jean-Frédéric Poisson, Annie Genevard, Gérald Darmanin, Luc Chatel, Isabelle Le Callenec, Jean-François Lamour et Daniel Fasquelle. Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et Bruno Le Maire, adversaires de François Fillon à la primaire, n'y siègent donc pas en personne.
Un comité au rôle consultatif. "Le comité politique assume la plénitude des pouvoirs et des attributions du Bureau Politique dans l'intervalle des réunions de ce dernier", précisait un communiqué du parti en novembre dernier. D'après ce texte, "il délibère dans les mêmes conditions que le bureau politique".
Je rappelle que ce comité politique créé par FIllon n'a aucune légitimité statutaire. Le parti doit fonctionner !
— Nadine Morano (@nadine__morano) 4 mars 2017
Mais son rôle est simplement consultatif, il se charge de valider les orientations prises pendant la campagne. Comme le rappelle le Journal du Dimanche, ce comité se réunissait tous les mardis mais a été annulé plusieurs fois depuis un mois et les débuts du "Penelope Gate".
Des rapports de force favorables au candidat ? Si l'objectif de ce comité politique est "d'évaluer la situation", les rapports de force pourraient en fait pencher en faveur de François Fillon. Parmi ses membres, on retrouve des soutiens indéfectibles du candidat. C'est surtout le cas de Bruno Retailleau, qui supporte coûte que coûte François Fillon, victime selon lui d'un "lynchage". Luc Chatel et François Baroin, présents derrière François Fillon lors du rassemblement au Trocadéro dimanche, peuvent aussi être comptés parmi les soutiens du candidat.
De nombreux autres pro-Fillon seront également présents autour de la table, tels Isabelle Le Callenec, la vice-présidente du parti, Annie Genevard, secrétaire générale adjointe, Jean-François Lamour, Jean-François Copé ou encore Jean-Frédéric Poisson.
Mais au sein de l'instance, on retrouve aussi certains élus qui ont lâché le candidat. Comme Gérald Darmanin, le maire de Tourcoing a ainsi annoncé dimanche qu'il quittait son poste de secrétaire général adjoint du parti. Virginie Calmels, elle aussi membre du comité et adjointe au maire de Bordeaux, a quitté le navire le 3 mars. Tout comme Thierry Solère, le député de Boulogne-Billancourt qui a lâché vendredi, son poste très exposé de porte-parole de François Fillon.
Des indécis de poids. D'autres semblent plus indécis, et pas des moindres. C'est le cas de Gérard Larcher et de Bernard Accoyer qui ont réaffirmé leur soutien à François Fillon mais qui lui aurait conseillé de renoncer, selon plusieurs sources citées dans la presse. A l'origine très proches de François Fillon, ils ont par ailleurs consulté Nicolas Sarkozy pour "s'organiser" en cas d'abandon du candidat.
Malgré la présence de Christian Jacob au rassemblement du Trocadéro, son soutien n'est plus assuré puisqu'il a été mandaté par les proches de Nicolas Sarkozy pour discuter avec François Fillon après une réunion dans la matinée. Enfin, ni Laurent Wauquiez ni Daniel Fasquelle n'ont clairement fait part de leur soutien dans la tempête. Ils restent donc à convaincre.