"Le Front national est devenu le TOC (trouble obsessionnel compulsif) de la classe politique française", raillait Marine Le Pen mercredi. Mais Manuel Valls n'en démord pas. Invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Monde/iTélé, le Premier ministre a longuement insisté sur le score élevé que prédisent les sondages au parti de Marine Le Pen aux élections départementales. "J'ai peur pour mon pays. J'ai peur qu'il se fracasse contre le Front national", a-t-il martelé. "Le Front national à 30%, c'est d'une extrême gravité pour notre pays, qui n'a jamais connu cela", a poursuivi le Premier ministre, pour qui "il faut à tout prix (...) faire en sorte que le Front national baisse".
Manuel Valls a répété son "angoisse" et sa "crainte pour le pays". Il a fustigé "les propos antisémites, racistes, sexistes, homophobes de dizaines de candidats du Front national". "C'est pour ça que j'en appelle à un réveil des consciences", a-t-il affirmé.
"Le FN n'apporte aucune solution". Mais dénoncer systématiquement le Front national comme une menace ne serait-il pas contre-productif ? "Moi, je revendique la stigmatisation de Marine Le Pen", a rétorqué le locataire de Matignon. "Le Front national n'apporte aucune solution, aucune", a-t-il insisté, dénonçant "un programme qui jettera les Français les uns contre les autres".
"J'avais dit que le Front national était aux portes du pouvoir", a rappelé Manuel Valls, en référence à des propos tenus en septembre. "Est-ce que vous ne pensez pas qu'un Front national qui fait 25% aux européennes, peut-être 30% aux élections départementales, et ainsi de suite, ne peut pas gagner l'élection présidentielle ? Pas en 2022, pas en 2029, mais en 2017 !" Pour le Premier ministre, "les digues aujourd'hui se sont brisées".
"Marine Le Pen fait du musulman l'ennemi". Interrogé sur le climat de tension lié aux actes terroristes de Daech, Manuel Valls a dénoncé des "actes anti-musulmans" qui "n'ont cessé de monter". L'occasion de fustiger une nouvelle fois la présidente du FN. "Mme Le Pen, comme toute l'extrême droite européenne, fait du musulman l'ennemi", a-t-il accusé. Des propos virulents que le locataire de Matignon devrait à nouveau répéter lors de ses déplacements de campagne à venir.
Philippot pointe une "panique électorale". Interrogé par Europe 1, Florian Philippot, numéro 2 du FN, a raillé les déclarations de Manuel Valls. "Je suis assez inquiet de voir un Premier ministre étaler sa panique électorale, plutôt que d’occuper des vrais problèmes", a-t-il dit. "Qu’il soit en panique parce que le FN est très haut, je peux le concevoir, mais il doit respecter ses adversaires. Or quand il dit ‘j’ai le droit de stigmatiser Marine Le Pen’, je dis que non seulement il n’est pas républicain ; mais en plus il n’est pas démocrate".
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