Les services d'urgences sont débordés face à l'épidémie de grippe qui sévit en France. Mais pour Gérald Kierzek, médecin urgentiste et consultant pour Europe 1, cet engorgement n'est pas dû à la nature même de l'épidémie. "La grippe n'est pas plus virulente que les autres années", assure-t-il. Ce qui coince, selon lui, c'est l'organisation du système de santé. "On a un système hospitalier qui est à saturation. C'est la chute d'un système de santé. Les services d'urgence, c'est la partie immergée de l'iceberg. Mais tous les services d'hospitalisations, les médecins libéraux tirent aussi la sonnette d'alarme", constate le médecin.
Une politique de réduction des lits. "Tous les professionnels de santé constatent que les personnels ne sont plus écoutés. Les politiques hospitalières sont faites sur des réductions de lits, des réductions d'hôpitaux de proximité, de moyens et sur une augmentation de la productivité. Or quand on augmente la productivité, on épuise les équipes", explique Gérald Kierzek qui dénonce "le virage ambulatoire".
"L'ambulatoire, c'est formidable quand vous êtes en état de rentrer chez vous et quand vous avez une famille qui peut prendre le relais. Mais pas lorsque l'on supprime les lits à l'hôpital et que l'on vous met dehors à la fin de l'intervention", précise le médecin. "Certains patients vont être renvoyés chez eux dans des conditions un peu précaires. Ils vont revenir 'en boomerang' sur le service hospitalier dans lequel on a fermé les lits." De quoi créer des situations de saturation.
Avec les retards d'hospitalisation, la mortalité augmente. Or l'engorgement des urgences et les retards d'hospitalisation ne sont pas sans conséquences sur les patients fragiles, détaille Gérald Kierzek. "Quand il y a un retard, il y a une mortalité qui augmente."