C’est l’un des organes de notre corps les plus mystérieux. De lundi à dimanche, dans 32 villes françaises et une soixantaine de pays dans le monde, la Semaine du cerveau - organisée par la Société des neurosciences - se donne pour objectif de nous familiariser avec cette "grosse méduse", composée à 80% d’eau, pour reprendre le terme du neurologue Bruno Dubois, invité sur Europe 1, lundi. Vous l'aurez compris, c'est du cerveau dont il est question ici. Un rendez-vous durant lequel grand public et chercheurs sont invités à se rencontrer autour de dizaines de conférences, d’ateliers ou encore de "café sciences". Europe 1 vous livre cinq pistes pour entretenir au quotidien les quelque 90 milliards de neurones que compte votre cerveau.
1) Arrêtez de tout noter !
Jeux de société, mots croisés, Scrabble ou Sudoku… Tous les moyens sont bons pour activer et stimuler votre fonctionnement cérébral. Mais l’entraînement, s’il peut être ludique peut aussi passer par un changement plus profond au quotidien. Pour Monique Le Poncin, docteur ès sciences et auteure du site "Gym cerveau, à la découverte de votre cerveau", il faut d’abord "arrêter de noter, d’enregistrer, de privilégier les smartphones en pense-bête et de ne fonctionner que comme cela".
Cette spécialiste souligne auprès d'Europe 1 : "Il faut faire confiance à sa mémoire et l’utiliser". Pour mobiliser celle-ci, il suffit de faire l’effort une à deux fois par jour, à raison de trois à quatre minutes. "Je mémorise quelque chose et je me fais le challenge de m’en souvenir, et de pouvoir m’en souvenir ce soir", conseille-t-elle. A commencer par le nom du nouveau collègue de travail ou le lieu de votre prochain rendez-vous.
2) Soyez attentifs à votre environnement
"Le cerveau est une machine à détecter la nouveauté. Dès qu’on lui propose quelque chose de nouveau, il va sauter dessus", indique à Europe 1 Roland Salesse, coordinateur national de la Semaine du cerveau. En ce sens, les interactions sociales et les rencontres sont votre meilleur allié pour conserver un cerveau bien en forme et stimuler sa plasticité au jour le jour. "Il faut être présent dans son quotidien, être attentif à son environnement", insiste Monique Le Poncin, auteure de Gym intelligence : Eduquer son intelligence et sa mémoire pour bien vivre.
Cela signifie "regarder, être en échange, bien écouter ce qui se dit", et ne pas "être paresseux". Car plus on évolue au sein d’un environnement riche, plus on enregistre des choses et on développe d’aptitudes. "L’intensité des relations sociales permet de stimuler le cerveau et de conserver sa mémoire le plus longtemps possible", abonde le professeur de gériatrie, Françoise Forette, interrogée par Europe 1.
3) Servez-vous de votre nez
A l’instar des œnologues, des parfumeurs, capables de mémoriser des milliers de références olfactives par an, ou encore des musiciens, capables de jouer de tête une symphonie entière, stimulez vos cinq sens et votre mémoire perceptive. C’est dans vos synapses que se cache le secret de la madeleine de Proust. "L’odorat est le seul sens qui attaque directement les zones mémorielles et de l’émotion dans le cerveau", affirme Roland Salesse, chercheur en neurobiologie de l'olfaction, qui estime "que la connexion entre le nez et la mémoire" mériterait d’être encore plus développée. Ainsi, certains patients plongés dans le coma ou polytraumatisés ont pu reprendre contact avec la réalité par des stimulations olfactives.
4) Ne lésinez pas sur la marche à pied
Faire cogiter ses neurones, certes. Mais le cerveau a aussi besoin de "s’oxygéner", comme le suggère l’expression consacrée. Autrement dit, il est bon pour le cerveau d’activer et d’améliorer la circulation du sang – tout en préservant son cœur. Pour cela, rien de mieux qu’une activité physique régulière, sans excès bien sûr. Et "dès les premiers jours de pratique, les effets se feront sentir faisant revenir un peu mieux la mémoire et les capacités cognitives", encourage Roland Salesse.
La marche, la randonnée, sont particulièrement préconisées, comme l’avait révélé une étude américaine en 2014, repérée par The New Yorker. A l’inverse, "les sports susceptibles d’exposer à des traumatismes crâniens répétés, comme le football – et les gestes de 'têtes' -, sont à déconseiller chez les jeunes enfants", met en garde le professeur Françoise Forette.
5) Arrêtez les nuits blanches
Enfin, et c’est sans doute l’activité pour entretenir vos méninges qui vous en coûtera le moins, le sommeil est capital. Car pendant que vous dormez, votre système nerveux, lui, reste actif. Durant la période de repos, le corps effectue ce que l’on en effet pourrait appeler "un nettoyage du cerveau", explique Roland Salesse. "On fait le ménage de tout ce qui est cumulé durant la journée, on trie les déchets de l’activité neuronale". En somme, toutes les informations ingurgitées dans la journée sont visionnées de nouveau dans le cerveau, réappropriées, digérées, puis stockées.
Car l'autre atout primordial du sommeil, c’est qu’il permet de mieux enregistrer "les dernières choses dont on a pu prendre connaissance avant de s’endormir", poursuit le spécialiste. L’idée selon laquelle on retient plus facilement une leçon, un poème, une chanson quelques heures avant de s’endormir est donc vraie. "Cela consolide la mémorisation et ce d’autant plus que la durée du sommeil est longue", précise Françoise Forette. D’où l’importance de bien dormir, et en heures suffisantes.