Un peu plus de 2,5% de la population marseillaise a été testée (photo d'illustration). 2:44
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Coline Vazquez , modifié à
Nicolas Lévy, chef de service à Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille (APHM), explique au micro de François Clauss la situation de la ville, dont les services de réanimation semblent moins sous pression que dans le reste du pays face à l'épidémie de coronavirus. Selon le médecin, ce résultat découle du choix de tester massivement la population.
INTERVIEW

85.000 tests ont été réalisés à Marseille contre 33.000 en Île-de-France. Ces chiffres, qui datent du 12 avril, illustrent la stratégie adoptée par la cité phocéenne à contre-courant du reste de la France : Tester massivement pour lutter contre le coronavirus. Invité de C'est arrivé cette semaine, Nicolas Lévy, chef de service à APHM et directeur de l'unité de recherches génétiques de l'Inserm à l'université d'Aix-Marseille revient sur cette exception qui fait tant parler : au total, pratiquement un habitant sur dix a été testé, soit un peu plus de 2,5% de la population, classant la ville à la première place de celles ayant le plus pratiqué de tests.

Une collaboration entre médecins et administration hospitalière

Cette stratégie a été décidée par les médecins et plus particulièrement ceux de l'Institut hospitalo-universitaire de maladies infectieuses Méditerranéen Infections, dirigé par le très controversé Didier Raoult. "Le sentiment général, c'est que l'administration hospitalière a laissé les médecins travailler et s'est mise au service de l'efficacité et ça a été, je pense, quelque chose de formidable et qui, je l'espère continuera dans l'avenir", se réjouit Nicolas Lévy.

Le chef de service insiste sur "la rapidité des réponses et la réactivité de l'administration à des demandes médicales comme on ne l'avait pas toujours vu par le passé". "Les médecins ont, pour la plupart, décidé de la stratégie à mettre en place, de la manière dont il fallait organiser les soins et il y a eu un vrai lien entre les médecins et l'administration", conclut-il.

Selon lui, c'est cette collaboration qui a permis à la ville de réaliser ses nombreux tests, impliquant également un travail avec les laboratoires qui se sont, eux aussi, mis à disposition des médecins. "Les tests, c'est quelque chose que l'on sait faire et nos collègues de l'ICHU Méditerranée Infection savent faire ces tests, comme nous autres les généticiens, sans avoir à utiliser à des kits tout fait", explique Nicolas Lévy. Ainsi, au début de l'épidémie, ce sont majoritairement "des tests réalisés et construits par les médecins, les biologistes et les chercheurs de l'Institut Méditerranée Infection" qui ont été effectués. 

"Il n'y a pas eu de saturation totale"

Une coopération qui semble avoir porté ses fruits, puisque seuls 324 lits de réanimation sur 578 sont occupés à Marseille, selon de récents chiffres. Si Nicolas Levy tient à se montrer prudent, il souligne toutefois les effets bénéfiques de la direction choisis par les médecins marseillais. 

"Effectivement, le nombre de patients hospitalisés dans les services de réanimation a été, à un moment donné beaucoup plus élevé que ça. Il y a eu à Marseille, comme ailleurs, de fortes tensions dans l'hospitalisation y compris dans les services de réanimation", reconnaît-il. "Mais disons qu'il n'y a pas eu de saturation totale comme on a pu le voir dans d'autres régions françaises."

"On ne reprendra nos activités normales que dans plusieurs semaines, je pense. En effet, même si on commence une petite montée en charge des activités moins urgente, il faut malgré tout rester prudent et pouvoir faire face à une remontée du niveau de malade en réanimation", temporise-t-il cependant.