Depuis le début de l'épidémie, la communication par la Direction générale de la Santé des chiffres du coronavirus est devenue un rituel quotidien, qui peut parfois être perçu comme anxiogène. Mardi soir, certains Français se sont affolés de voir le nombre de décès survenus en 24 heures augmenter brutalement à 348 morts, contre 70 dimanche. Pour la professeure Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l’hôpital Saint-Louis, invitée de l'émission "Sans rendez-vous" mercredi, le délai nécessaire à l'établissement des certificats de décès fausse notre vision de la situation.
"On sait bien que le nombre de décès n'est pas une photographie de l'état de l'épidémie au jour le jour", affirme d'emblée Anne-Claude Crémieux. La professeure évoque des certificats de décès qui peuvent être récupérés par les autorités sanitaires "plusieurs semaines" après la mort de la personne concernée.
Des rebonds en débuts de semaines
Ce délai peut être "important", notamment durant les week-end, ce qui expliquerait le rebond du nombre de morts constatés en début de semaine. Ainsi, le dimanche 3 mai la Direction générale de la Santé faisait état de 135 morts en un jour, chiffre qui faisait plus que doubler le lendemain : 306 morts. Même chose entre le dimanche 26 avril et le lundi 27 : le nombre de morts passait de 242 à 437.
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L'infectiologue Anne-Claude Crémieux dresse d'ailleurs un parallèle avec la canicule de 2003 durant laquelle une polémique était née autour de la comptabilisation des victimes. "On a cherché à avoir une photographie rapide du nombre de décès en France, ne serait-ce que pour pouvoir suivre une crise sanitaire." Elle explique que le faible nombre de certificats de décès numérisés, de l'ordre de 15 à 20%, avait artificiellement minoré l'ampleur de la crise que traversait le pays. "Aujourd'hui, on ne peut pas considérer que le nombre de décès connus un jour reflète la situation", conclut Anne-Claude Crémieux.