Les buveurs modérés d'alcool sont moins touchés par la démence sénile que les abstinents, montre une étude publiée mercredi dans la revue médicale BMJ. Les auteurs déconseillent toutefois de se mettre à boire. La démence touche 5 à 8% des plus de 60 ans dans le monde, soit 50 millions de personnes, d'après l'Organisation mondiale de la santé.
Un risque accru de 47% pour les abstinents. Cette conclusion vient du suivi de 9.087 fonctionnaires britanniques nés entre les années 1930 et 1950. Ceux qui, entre la trentaine et la cinquantaine, déclaraient ne jamais boire d'alcool ont finalement couru un risque 47% plus élevé d'être atteints par la maladie, par rapport à ceux qui buvaient dans la limite recommandée (1 à 14 unités d'alcool par semaine). Ceux qui buvaient plus que la limite recommandée avaient un risque encore plus élevé de souffrir de cette perte des capacités cognitives.
Attention, l'alcool reste dangereux. L'étude, qui fait une observation statistique, n'établit pas de lien de cause à effet. Et surtout, "en aucun cas, les résultats observés chez les abstinents ne doivent encourager les personnes ne buvant pas à commencer à boire de l'alcool", a affirmé l'auteur principale, Séverine Sabia (Institut national de la santé et la recherche médicale). L'alcool engendre en effet de nombreux risques pour la santé, depuis les troubles liés à la dépendance jusqu'au cancer, en passant par la cirrhose ou les maladies cardiovasculaires.
Du vin plutôt que la bière. Les chercheurs notent que parmi ces Britanniques, les buveurs modérés consommaient en plus grande proportion du vin, tandis que les grands buveurs étaient plus portés sur la bière. D'autres chercheurs avaient déjà associé la consommation modérée de vin à une meilleure santé, en supposant que certains de ses composants organiques, les polyphénols, étaient bénéfiques pour le système nerveux ou cardiovasculaire. Mais ces résultats restent controversés.
Tout ce qui concerne les abstinents à l'alcool "doit être interprété avec prudence, car cela a des chances de renvoyer à d'autres problèmes de santé et à des différences culturelles", a commenté un chercheur en gériatrie qui n'a pas participé à l'étude, Clive Ballard (université d'Exeter), cité par Science Media Centre.