C'est la femme par qui le scandale du Mediator a éclaté. Irène Frachon, dont les études et l'ouvrage Mediator 150 mg, Combien de morts ? (2010) ont abouti au retrait de ce médicament anti-diabète aux effets secondaires mortels et au procès contre le laboratoire Servier, revient à la charge. La pneumologue publie jeudi une enquête menée avec le journaliste Jean-Christophe Brisard et l'avocat Antoine Béguin. "Effets secondaires. Le scandale français" dénonce ainsi les effets indésirables de nombreux médicaments. Et le système qui permet de les commercialiser.
"Ne jamais minimiser les risques". L'ouvrage, cité lundi par Le Parisien qui se l'est procuré, évoque par exemple "la paroxetine", commercialisé notamment sous la marque Deroxat. Cet antidépresseur est "suspecté de risque suicidaire aux Etats-Unis mais" il est "toujours top des ventes en France", peut-on lire dans le quotidien. Celui-ci cite également "le coupe-faim américain Mysimba, dont les gendarmes du médicament français (ANSM) ne veulent pas (à cause de risques potentiels de problèmes cardiovasculaires et psychiatriques ndlr) mais que l'Agence sanitaire européenne autorise".
"Les médicaments d'aujourd'hui ne sont pas plus dangereux que ceux d'hier", nuance Irène Frachon, interviewée par Le Parisien. "Mais en se relevant avec la gueule de bois du scandale du Mediator, on 'découvre que [les médicaments] sont des substances actives qui ont des effets secondaires. Il faut tenir compte de ces effets et des accidents […], ne jamais minimiser les risques", poursuit la pneumologue. Qui assène : "le médicament qui ciblerait la pathologie sans risquer de perturber le reste de l'organisme est une utopie".
Comment se prémunir ? Plus largement, c'est tout le système d'évaluation des risques secondaires que dénonce l'ouvrage. Selon les auteurs, la mise sur le marché des médicaments n'est pas suffisamment contrôlée. Aujourd'hui, les agences du médicament n'ont "pas les moyens de mener leurs propres investigations sur la validité des essais cliniques présentés [et menés] par les laboratoires, propriétaires de la molécule", déplore Antoine Béguin dans Le Parisien. D'autant que 90% des essais cliniques se déroulent à l'étranger, dénonce le livre.
Les auteurs réclament donc plus de transparence pour les essais cliniques, et davantage de moyens pour les agences de contrôle, encore majoritairement financées par les laboratoires pharmaceutiques. Le livre recommande également d'inscrire sur les boites de médicaments des pictogrammes bien précis, lorsque les effets secondaires redoutés sont particulièrement graves. Ils demandent, enfin, la création d'un fonds d'indemnisation des victimes financé par les industriels.