Même s'il est encore "prématuré" de tirer la moindre conclusion, la tournure dramatique prise par l'essai thérapeutique effectué au CHU de Rennes est "véritablement inédit et inattendu", selon François Chast. Dans Europe Midi, le chef du service de pharmacie clinique du groupe hospitalier Cochin-Hôtel-Dieu a détaillé vendredi le vaste "arsenal réglementaire et organisationnel" qui régie les essais cliniques en France.
Des essais très strictement encadrés. Un essai se compose de deux phases de test, chez l'animal puis chez l'homme. Pendant deux ans, on définit "un certain nombre de toxicités" du médicament chez l'animal, de son rôle dans la reproduction à ses éventuels effets cancérogènes. "Puis on fait le bilan et on envisage un essai chez l’homme." Il y a encore beaucoup de garde-fous avant cette nouvelle étape. Les volontaires doit être examinés de manière approfondie par l'ANSM (Angence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) ou par son homologue européenne, puis par un comité d'éthique chargé de la protection des personnes. Ce comité doit vérifier "le bien-fondé de l'essai, la sécurité et l'information des personnes", selon François Chast.
Il y a une chose qui inquiète le médecin : dans les médicaments pris par voie orale, il y a habituellement "peu de toxicité aiguë". Une telle nocivité "se serait manifestée théoriquement chez l'animal. C’est véritablement inédit, inattendu".
Une enquête ouverte. Le pôle de santé publique du parquet de Paris a ouvert vendredi une enquête après l'accident. Cette enquête en flagrance, confiée à la direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Rennes et à un service de gendarmerie spécialisé dans la santé (Oclaesp), a été ouverte pour blessures involontaires supérieures à trois mois, a précisé le parquet de Paris.