Hépatite C : les tests de dépistage rapide vont arriver d'ici la fin du mois

© FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
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D'abord attendus en 2014, puis en mai dernier, les premiers tests de dépistage en 20 minutes du VHC arrivent à la fin du mois.

Ils étaient attendus dès le mois de mai, mais il va falloir encore patienter un tout petit peu. Les premiers tests rapides de dépistage de l'hépatite C, une maladie infectieuse qui se transmet par le sang et peut provoquer un cancer du foie, devraient, selon nos informations, être proposés aux Français d'ici le mois prochain. A l'occasion de la Journée nationale du dépistage de l'hépatite C, Europe 1 revient sur ces tests attendus de longue date.

75.000 patients qui s'ignorent. Les autorités sanitaires estiment à 500.000 le nombre de personnes atteintes d'hépatite C en France. Or, plus de 75.000 adultes ignoreraient qu'ils le sont, selon l'Institut de veille sanitaire (InVS). Contact de sang à sang, consommation de drogues (par injection ou de sniff, après partage de seringue, de coton, de paille ou de billets de banque), rapports sexuels "traumatiques", tatouages… Les modes de contamination potentiels sont nombreux. L'hépatite C, plus résistante que le VIH, n'a parfois besoin que d'un seul contact pour être transmise. Preuve que la maladie est prise très au sérieux, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a récemment commandé un rapport à l'Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les hépatites. L'une des questions posées par la ministre : faut-il proposer un dépistage pour l'ensemble des adultes français ?

Car jusqu'à présent, il n'existait pas de dépistage rapide disponible en France. L'hépatite C est invisible ou presque. Certains patients ressentent quelques symptômes peu après leur contamination, dont un jaunissement des yeux. Mais cela ne concerne pas tout le monde. Et surtout : la maladie peut rester discrète pendant 15 ou 20 ans, avant d'évoluer en cirrhose ou en cancer du foie.  Aujourd'hui, pour se faire dépister, il faut donc se rendre dans un laboratoire d'analyse sanguine, et attendre plusieurs heures, voire jours, avant d'avoir un résultat. Le test est anonyme et gratuit. Mais il s'agit souvent d'une épreuve stressante et laborieuse, qui peut décourager.

Le nouveau test arrivera fin octobre. Un nouveau test, rapide et efficace à 99%, est évalué par les autorités sanitaires françaises depuis une dizaine d'années. Autorisé dans certains pays, dont les Etats-Unis, ce test permet, avec une simple piqûre sur le doigt, d'avoir un résultat fiable en 20 minutes.

L'autorisation de ce test rapide en France avait été annoncée par le ministère de la Santé pour décembre 2014, avant d'être repoussée à mai dernier. Finalement, l'arrêté d'autorisation a été publié le 1er août dernier. "La procédure a été un peu plus longue que prévu. Sous la pression du syndicat des médecins biologiques, il a fallu créer une commission de biologie médicale pour analyser la validité de l'arrêté. Cela a pris du temps mais cette autorisation est une très bonne nouvelle", se félicite auprès d'Europe 1 Théau Brigand, de l'association AIDES.

Cet arrêté autorise les associations et les centres médicaux spécialisés à faire une demande d'agrément aux agences régionales de santé à partir du premier septembre pour pouvoir proposer les tests aux usagers. Les agences régionales de santé ont ensuite deux mois pour vérifier que ces associations ou ces centres ont bien les compétences pour encadrer les usagers désireux de faire le test. Plusieurs associations, comme Aides ou les membres du collectif SOS hépatites fédération ont déjà déposé des demandes d'agrément. Selon nos informations, les premiers tests devraient commencer à être proposés début octobre en Auvergne par les antennes locales de ces associations, les premières à avoir déposé des demandes.

Au départ, les associations devront payer de leur poche les 26 euros par tests pour pouvoir se les procurer. Mais le gouvernement a lancé un appel à projet à destination des associations. A partir du 15 décembre prochain, les associations retenues pourront se faire rembourser l'achat du test par l'Etat, et ainsi le proposer au plus grand nombre.

 

Quid des traitements ? Aujourd'hui, les traitements les plus efficaces contre l'hépatite C coûtent entre 40.000 et 120.000 euros. Et dans une majorité des cas, ils permettent une guérison du patient dans les trois mois suivant la prise du traitement. Plus la maladie est dépistée tôt, plus le corps est épargné. Le hic ? Pour l'heure, ces traitements ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale pour tout le monde. Seuls les patients les plus affectés par la maladie (avec un état de délabrement du foie avancé) et ceux les plus susceptibles de contaminer d'autres personnes (les drogués réguliers, notamment) ont droit à un remboursement. Marisol Touraine a promis d'élargir le remboursement de ces traitements à l'ensemble des malades, mais n'a pas encore donné de date.