C’est une petite révolution dans le domaine de la santé en France. En attirant de nouveaux patients, et notamment les étrangers, les hôpitaux parisiens pourraient récupérer un marché de deux milliards d'euros, selon une étude commandée par le ministère de la Santé. Et pour arriver à ses fins, le groupement AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris) a carrément décidé de lancer une plateforme pour séduire ces nouveaux patients.
118 millions d'euros impayés dans les hôpitaux parisiens. La France possède l'une des chirurgies les plus pointues et les plus reconnues au monde. Malgré ce statut, un paradoxe persiste : soigner des patients étrangers ne rapporte presque rien à la France. Pire, plusieurs sécurités sociales étrangères nous doivent de l'argent. Ainsi, l’Algérie, les Etats-Unis ou encore l’Arabie Saoudite ont une ardoise de 118 millions d'euros impayés dans les hôpitaux parisiens.
L’Allemagne empoche 2 milliards par an. Cette dette est d'autant plus fâcheuse que nos voisins allemands, eux, ont misé sur le tourisme hospitalier déjà depuis plusieurs années. Et leurs investissements payent : plus de 2 milliards d'euros par an arrivent dans les caisses des hôpitaux allemands.
Des tarifs plus chers pour les étrangers. Séduite par ces bons résultats de l’Allemagne, la France a décidé de l'imiter en mettant en place une sorte de "Bon coin de l'AP-HP" : une plateforme sur laquelle les patients étrangers pourront choisir parmi 110 forfaits d'intervention en gynécologie, cardiologie, chirurgie de la hanche, etc. Les tarifs seront majorés et coûteront en moyenne 30% plus cher que pour les patients français. Et pourtant malgré cette majoration, et même en y ajoutant les frais de voyage et d'hébergement, cela restera trois fois moins cher pour un Américain de venir se faire opérer en France.
Les hôpitaux français doivent améliorer leurs conditions d’accueil. Les patients français doivent-ils craindre des conséquences préjudiciables de cette évolution ? Selon les informations que nous avons pu recueillir, il n’y aura pas de passe-droit pour les opérations qui sont programmées. En revanche, pour attirer cette nouvelle patientèle, les hôpitaux veulent proposer des conditions d'accueil moins austères qu'un simple lit d'hôpital. "On ne va pas dire à des patients qu’on suit habituellement : ‘on ne pas vous prendre parce qu’un riche émir vient se faire opérer’", assure le patron de la fédération hospitalière, Frédéric Valletoux. "Ça ne doit pas déstabiliser l’activité de l’hôpital. Mais sans se transformer en hôtel, on doit faire des efforts sur la qualité de la nourriture, des services, de la conciergerie et de l’accompagnement."
Les étrangers paieront à l’avance sur devis. Mais comment être sûr que la France sera effectivement payée ? Tout simplement en demandant aux futurs patients de payer à l'avance et sur devis. C’est toute une nouvelle organisation qui doit créer à terme entre 25 à 30.000 emplois et permettre, surtout, combler le déficit des hôpitaux français.