LA QUESTION SEXO - Mes amis ne comprennent pas mon "coup d'un soir", pourquoi ?

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Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans rendez-vous" mercredi sur Europe 1, Catherine Blanc répond à une auditrice, Valérie, qui raconte avoir parlé à ses amis de sa relation sexuelle d'un soir avec un homme qui ne lui plaisait que sur l'aspect physique. Ses amis n'ont pas compris pourquoi elle avait fait ça. Elle a demandé conseil à la sexologue. 

Parler de ses ébats sexuels avec ses amis peut parfois être périlleux. Dans l’émission Sans rendez-vous mercredi sur Europe 1, Catherine Blanc répond à la question d'une auditrice, Valérie, dont les amis ne comprennent pas qu'elle ait couché avec un garçon uniquement pour son physique. Valérie se demande ce que la sexologue et psychanalyste en pense.

La question de Valérie

"L'autre jour, j'ai couché avec un garçon qui me plaisait uniquement sur le plan physique. Mes amis ne comprennent pas comment j'ai pu faire ça. Je leur ai expliqué que pour un plan d'un soir, je n'avais pas besoin d'un homme avec le quotient intellectuel d'Einstein. Qu'en pensez vous ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Ce n'est pas nécessaire. Maintenant, c'est à chacun de savoir. Quand on fait l'amour avec quelqu'un, on fait l'amour, bien sûr, avec un corps, mais on fait aussi l'amour avec tout ce que l'on suppose de compétences à ce corps. Peut-être n'avait-elle pas besoin d'avoir quelqu'un qui avait un certain quotient intellectuel parce que cela lui permettait aussi de lâcher sa propre réflexion et sa propre intelligence, qui viennent certainement nuire à sa sexualité.

Souvent, nous ne cherchons pas chez l'autre l'intelligence, parce que nous voulons faire céder la nôtre qui justement emmêle notre sexualité, emmêle notre désir, apporte éventuellement un jugement. Peut-être est-elle allée chercher auprès d'un homme un corps, des muscles et du charnel afin, justement, de s'autoriser à n'être qu'elle-même, qu'un corps et des pulsions.

Pourquoi mentionne-t-elle cet aspect mental auprès de ses amis si tout s'est bien passé par ailleurs ?

C'est pour ça que je pense qu'il y a quelque chose d'elle-même qui s'exprime ici. Ce que je trouve le plus curieux, c'est d'avoir besoin de l'avis des autres. Si je fais l'amour avec quelqu'un, c'est l'adéquation d'un moment, d'une rencontre... Qu'est-ce que mes copines ou mes copains ont à voir là-dedans, s'étonnant de pourquoi je me suis abaissée à ça ? D'ailleurs, s'ils me disent cela, c'est que je leur ai précisé que je m'étais abaissée à aller auprès de quelqu'un en particulier.

Le but c'était la rencontre de deux corps. Si elle a eu besoin de le commenter pour avoir le jugement des copines, c'est qu'elle-même se juge sur ce sujet-là. Sinon, on n'a pas besoin d'avoir l'avis des autres.

N'est-ce pas aussi risqué si une relation se créait avec cet homme ?

C'est effectivement un peu prétentieux parce qu'on ne sait jamais vraiment quel est l'écart entre l'idée que l'on se fait de l'autre et la réalité de l'autre. Il y a des gens qu'on peut percevoir comme étant extrêmement intelligents et qui, dans les faits, sont imbuvables, insupportables à vivre. L'intelligence n'est pas la preuve d'une compétence à la relation.

Pour elle, il est possible que ce soit aussi une façon d'éviter que cette relation devienne autre chose. Cet argument justifie pourquoi ça n'était qu'un coup d'un soir et il légitime la possibilité de coucher pour coucher. C'est une façon de planquer sa propre difficulté à propos de l'engagement de la relation. On laisse ainsi penser que c'est au nom du manque d'intelligence que cela s'est réduit à l'histoire d'un soir. 

N'est-ce pas gênant de dénigrer ainsi autrui ?

Je crois qu'effectivement c'est là toute la difficulté : coucher avec quelqu'un, ce n'est pas l'utilisation de l'autre. C'est de toute façon une rencontre avec des adéquations et des inadéquations. Le jugement de l'autre en dit long sur le jugement que l'on porte sur soi-même, sur les doutes qui sont les nôtres, sur son manque de confiance qui explique qu'on a, à ce point-là, besoin de dénigrer l'autre.

C'est assez curieux mais je crois que c'est assez fréquent, notamment chez les jeunes, d'avoir besoin de justifier le désinvestissement de quelque chose qui est extrêmement intime, tout en partageant la prétendue vérité des liens avec ses amis. Il y a donc ceux avec qui on partagerait, soi-disant, les véritables émotions et ceux avec lesquels on s'envoie juste en l'air en utilisant leur corps. Mais le risque est de se faire utiliser également et de se réduire soi-même à un état d'objet."