LA QUESTION SEXO - Qu’est-ce que la sapiosexualité ?

  • Copié
Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1, mardi, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à un auditrice que ses amis considèrent comme "sapiosexuelle", et qui s'interroge sur le sens véritable de ce terme.
EUROPE 1 VOUS ACCOMPAGNE

Dans un portrait d’elle réalisé en août dernier par Le Journal du Dimanche, la ministre d’État chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa, se déclarait "sapiosexuelle". Un néologisme qui avait alors fait couler beaucoup d'encre. Apparu dans les années 1990, mais encore peu usité, il désigne une attirance sexuelle pour l’intelligence, l’éloquence ou encore l’instruction de son partenaire, davantage que pour son corps. Dans l'émission Sans rendez-vous sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc revient sur ce mot. Elle répond notamment à une auditrice qui se demande si, elle-aussi, ne serait pas sapiosexuelle.

La question de Carla

"Depuis quelque temps, plusieurs de mes amis me disent que je suis sapiosexuelle. Qu’est-ce que cela veut dire ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Sapio est un mot latin, ce terme désigne ce qui est relatif à l’intelligence. Initialement, nous sommes mus les uns vers les autres par l’idée de reproduction, et donc par nos corps, avec des éléments d’excitation que peuvent être la musculature, la puissance chez les hommes, ou les formes, telles qu’un bassin giron, chez la femme. Autant de critères physiques à partir desquels se construit l’idée du meilleur partenaire à but de procréation, pour faire proliférer nos gènes. Or, la sapiosexualité trahit l’évolution sociale de l’être humain, qui développe une attirance vis à vis d’autres critères, qui permettent toujours d’occuper une position forte, mais dans la société cette fois, et non plus dans la nature. Il s’agit notamment de l’intelligence, de la culture, de l’âge aussi, avec des partenaires plus vieux qui pourraient servir de Pygmalion. La sapiosexualité est donc beaucoup moins portée sur la physique du partenaire.

Le rôle du physique dans la séduction disparaît-il totalement chez les sapiosexuels ?

Il ne disparaît pas, mais il n’est plus le vecteur principal de l’attirance chez les sapiosexuels. Certains peuvent toutefois aller jusqu’à le délaisser complètement pour développer quelque chose d’exclusivement intellectuel - comme le plaisir d’un échange épistolaire - qui peut aussi devenir une source d’excitation primordiale. Toutefois, la sexualité, elle, reste corporelle. Au moment de l’accouplement, le corps redevient un objet d’excitation.

La sapiosexualité concerne-t-elle davantage les femmes que les hommes ?

Il est vrai que la sapiosexualité se rencontre un peu plus souvent chez les femmes, ce qui permet de dire que les femmes ne vont pas vers des hommes plus âgés pour des questions vénales, mais pour des questions de stimulation intellectuelle. Une jeune femme qui se dirige vers un homme plus âgé qu’elle, ayant professionnellement réussi, le fait parce qu’elle aime l’idée d’être au côté d’une personne intelligente.

Mais de la même manière que le corps parfait n’existe pas, l’intelligence parfaite n’existe pas non plus. Il y a matière à trouver chez les uns et les autres la richesse, l’écho de cette intelligence qui fait le délice de certaines et de certains, parce que les hommes aussi aiment l’intelligence féminine. Je veux le croire en tout cas !"