Les "eligobiotiques", les antibiotiques du futur

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Mélanie Gomez avec VDM
AVANCÉE MÉDICALE - Une société française est en train de développer une nouvelle génération d'antibiotiques. 

La ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé lundi la création d'un fonds d'investissement de 100 millions d'euros pour soutenir l'innovation en santé, lors de l'inauguration d'une startup baptisée Eligo. Cette "Biotech", installée dans les locaux de l'institut Pasteur, développe une nouvelle génération d'antibiotiques, les "eligobiotiques" plus adaptés aux bactéries résistantes.

160.000 personnes concernées en France. C'est un enjeu majeur de santé publique puisque près de 160.000 patients français développent chaque année des infections causées par des bactéries résistantes aux antibiotiques (13.000 décès par an, ndlr).

Comment fonctionnent les "eligobiotiques" ? Ce sont des sortes de snipers des bactéries. Les "eligobiotiques" sont en fait des virus génétiquement modifiés. Une fois avalés ou déposés sous forme de crème sur la peau par exemple, ces médicaments sont capables de "scanner" les bactéries pour détruire uniquement celles résistantes aux antibiotiques ou les plus virulentes.

Les "eligobiotiques" ne détruisent pas tout. Ces nouveaux antibiotiques présentent plusieurs avantages. Premièrement, ils font la guerre efficacement contre les infections. Deuxièmement, ils ne détruisent pas tout sur leur passage. Ils épargnent notamment les bonnes bactéries que nous avons tous dans nos intestins et qui sont essentielles pour l'équilibre de l'organisme.

Testées sur des… patients sains. Ces nouveaux médicaments seront d'abord tester pour la maladie de Crohn pour cibler spécifiquement les bactéries responsables de l'inflammation intestinale. Mais les "eligobiotiques" pourraient également être utilisés chez des personnes sans infection. "Si on arrive même sur des patients sains à éliminer les résistances aux antibiotiques, ça permet d'être plus serein le jour où il y a un problème", explique David Bikard, chercheur à l'institut Pasteur. "Par exemple, sur des gens qui vont subir des opérations lourdes comme une greffe de moelle osseuse, si on a moyen avant ce type d'opération de décoloniser les patients qui portent des bactéries résistantes, ça peut être intéressant".

Pour le moment, ces "eligobiotiques" ont été testé avec succès chez la souris. D'ici deux ou trois ans maximum, ces chercheurs espèrent débuter les essais cliniques chez l'homme.