L'Agence du médicament (ANSM) a démenti mercredi tout "conflit d'intérêts" pour un de ses dirigeants dans l'évaluation du Lévothyrox, médicament contre l'hypothyroïdie controversé après une vague spectaculaire d'effets secondaires.
L'ANSM a publié un droit de réponse à un article du site internet d'information Les Jours, publié le 28 février et intitulé "Lévothyrox: conflit d'intérêts entre Merck et l'Agence du médicament". L'article révélait que Philippe Lechat, ancien directeur de l'évaluation des médicaments de l'Afssaps (devenue ANSM) avait travaillé pour le laboratoire Merck, fabricant du Lévothyrox.
Délai de carence. L'ANSM souligne "que Philippe Lechat n'a jamais travaillé pour le compte du laboratoire Merck au sujet du Lévothyrox". "Il a en réalité mené une étude clinique destinée à ce laboratoire sur un autre médicament - le Bisoprolol - qui est préconisé pour traiter l'insuffisance cardiaque. Il n'y a ainsi aucun lien entre cette spécialité et le Lévothyrox", selon l'ANSM. L'institution affirme par ailleurs que la loi a été respectée, car entre le moment où Philippe Lechat a quitté Merck, en 2004, et celui où il a traité avec le laboratoire pour le compte de l'Agence, en 2012, le "délai de carence de cinq ans" a pu s'écouler.
Effets secondaires. Jusqu'en 2017, le Lévothyrox détenait un quasi-monopole en France sur les traitements contre l'hypothyroïdie, pris par quelques trois millions de malades. Mais après un changement de formule demandé par l'Agence du médicament pour rendre le Lévothyrox "plus stable", de très nombreux patients ont commencé à se plaindre d'effets secondaires. Un demi-million d'entre eux, selon les autorités sanitaires, ont abandonné ce médicament. Mardi, Merck avait publié un argumentaire où il rejetait toute responsabilité dans cette affaire, affirmant avoir tout fait pour attirer l'attention sur le risque de difficultés pour certains patients avec une nouvelle formule.