L'interdiction des soins funéraires à domicile : "une idée de technocrate"

funérarium
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La mesure qui figure dans le projet de loi santé entend lever une discrimination contre les malades du sida mais elle fait débat.

Tous les ans, 50.000 familles frappées par le décès d'un proche choisissent de veiller leur mort à domicile. C'est donc chez le défunt ou sa famille que se déroulent alors les soins funéraires. 10% des familles frappées par un deuil optent pour ce rite. Mais la coutume est menacée par le projet de loi santé. Explications.

Pourquoi la ministre de la Santé veut-elle interdire ces soins ? Tout part de la volonté de mettre fin à une discrimination à l'égard des personnes séropositives ou souffrant d'une hépatite virale auxquelles les soins funéraires sont refusés. Une interdiction jugée injustifiée par les associations de malades dès lors que ces soins s'exercent en respectant les précautions universelles préconisées par l'Organisation Mondiale de la Santé. Une pétition pour faire lever cette interdiction a d'ailleurs été lancée il y a huit mois par Jean-Luc Roméro, président de l'association Elus locaux contre le Sida (ELCS).

Un appel entendu puisque le projet de loi santé qui arrive actuellement en seconde lecture à l'Assemblée prévoit la levée de l'interdiction des soins funéraires aux personnes séropositives ou souffrant d'une hépatite virale à une condition : que les soins funéraires soient réalisés "dans des lieux appropriés et équipés, déterminés par décret en Conseil d'Etat" – en clair, un funérarium. La mesure serait valable pour tous les défunts, séropositifs ou non. Elle revient donc à interdire purement et simplement les soins funéraires à domicile.

Une uniformisation de la mort critiquée. Joint par Europe 1,Christian de Cacqueray , directeur du Service catholique des funérailles (SCF), s'élève contre "cette vision de technocrate de la mort" qui revient "à niveler" la façon dont les familles gèrent le décès d'un proche. "Lorsqu'il y a un décès à domicile suivi de soins funéraires et d'une veillée, il y a une forme de continuité, de gestion en douceur d'une situation difficile. Et là, on voudrait que la famille voit le corps du défunt partir sur un brancard dans une housse blanche pour le faire revenir le jour des obsèques", s'indigne-t-il. Il rappelle aussi que dans certaines régions comme le Sud-Ouest, les rites funéraires à domicile sont si ancrés qu'ils concernent un décès sur deux. Pour lui, la décision d'interdire les soins funéraires n'est même pas forcément légitime pour les séropositifs : il assure ainsi connaître des thanatopracteurs tout à fait disposés à effectuer des soins funéraires sur des personnes séropositives à domicile tant que les conditions sanitaires élémentaires sont respectées.