C'est une véritable révolution qui s'annonce. Sous l'impulsion d'Edouard Philippe, le Conseil d'Etat doit publier ce jeudi une proposition qui permet aux médecins, dentistes et kinésithérapeutes de faire de la publicité. "Et il y a de fortes chances que cela aboutisse", précise Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos, lors de sa chronique dans la Matinale d'Europe 1.
Les ostéopathes échappent à l'interdiction. Pour l'heure, "le Code de la santé publique interdit de manière absolue toute forme de publicité de la part des professionnels de santé. Or plusieurs arguments plaident pour que ça change. D’abord, parce que certains établissements étrangers, comme des cliniques dentaires ou de chirurgie esthétique d’Europe de l’Est ne se privent pas de faire de la publicité car ils ne sont pas régulés", ajoute l'expert. "Même chose pour les ostéopathes qui échappent à l’interdiction. Enfin il suffit d’aller sur Internet pour trouver une foule d’informations erronées sur la médecine, la chirurgie ou de pseudo-traitements miracles".
Lutter contre "la concurrence déloyale". Une argumentation confirmée par Frédéric Srour, membre du Conseil National de l'Ordre des Kinésithérapeutes : "En réalité, l'objectif est de lutter contre la concurrence déloyale dont sont victimes les professionnels de santé. Il y a des kinésithérapeutes qui souhaiteraient communiquer davantage vers le grand public sur leurs compétences, les capacités et qui ne peuvent pas le faire, parce que la loi leur interdit. Mais ce n'est pas le cas des ostéopathes par exemple : il y a donc une concurrence déloyale qui entretient une démarche commerciale de la santé", avance-t-il.
Une publicité encadrée et déontologique. Mais à quelle forme de publicité devraient bientôt avoir accès les professionnels de santé ? "Ce ne sera ni des affiches dans le métro, ni des publicités comparatives", tente de rassurer Frédéric Srour. "Ce ne sera pas 'Je suis un meilleur kinésithérapeute que mon voisin'". La publicité envisagée par cette proposition du Conseil d'Etat devrait donc être très encadrée et respecter la déontologie. "Pas question de faire comme aux Etats-Unis où vous avez des publicités dans le métro pour des cliniques avec même des taux de succès par opération", ajoute Nicolas Barré.
Une mesure approuvée par l'Union européenne. D'autant que la Cour de Justice européenne a récemment autorise cette forme de publicité, considérant qu'elle relève plus du droit à l'information que de la réclame pure et simple. Avec cette révolution, la France ne ferait donc que de se mettre en conformité avec l'Union européenne. De plus, "cette publicité encadrée est censée permettre aux vrais professionnels de se mettre en avant alors que les charlatans prolifèrent sur le web", résume Nicolas Barré.