Mon enfant passe son temps à se toucher le zizi, est-ce normal ?

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Mardi dans "Sans rendez-vous" sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc a abordé la question de la masturbation chez les plus jeunes. 

Un enfant qui se touche est-ce forcément de la masturbation ? Comment lui faire comprendre qu'on ne peut pas le faire en public ? Est-ce malsain ? Mardi, dans Sans Rendez-vous, l'émission Santé d'Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc a livré son analyse sur la question et évoqué les premières sensations sexuelles des enfants. 

La question d'Elsa, 38 ans

"Mon petit garçon de dix ans passe son temps à toucher son zizi, sans s'en rendre compte. Parfois même lorsque nous sommes à table ! Mon mari me dit que c'est normal mais je trouve que c'est malsain ou tout du moins indécent. C'est tout de même de la masturbation ! Qu'en pensez vous ?"

La réponse de Catherine Blanc

Alors avant de parler de son petit garçon, il faut comprendre que si cette maman trouve ça malsain, si elle met beaucoup de sexualité dans ce geste, cela évoque sa problématique face à sa propre sexualité et à la sexualité des hommes. C'est l'idée qu'elle se fait des hommes, obsédés par la sexualité et qu'elle voit déjà émerger chez son petit garçon, qui est source de son anxiété. Cela pose la question de ce que cela raconte de son histoire personne. 

Concernant le petit garçon, oui c'est tout à fait normal. C'est aussi vrai d'ailleurs chez les petites filles. Ceci étant dit, leur sexe est moins accessible. Il est moins dérangé par un slip ou pantalon trop serré. Donc déjà il y a parfois un besoin de remettre son zizi en place. Et puis c'est un appendice extérieur au corps. Tout comme les petites filles peuvent toucher leurs cheveux, quand elles discutent et qu'elles jouent avec leurs bouclettes. 

Est-ce que c'est de la masturbation ?

Oui c'est de la masturbation mais pas à un but d'excitation ultime. C'est du plaisir, de l'auto-érotisme. On se touche, se triture, tourne son zizi dans tous les sens. Et l'enfant découvre aussi qu'en le touchant, son sexe se dresse. L'idée d'être magicien, de transformer un sexe flasque en sexe rigide, l'histoire lui plait beaucoup. C'est tout naturellement qu'il le fait, sauf que ce n'est pas adapté au fait d'être à table. 

Réaction doit elle avoir s'il continue de le tripoter à table  ? Le gronder ? Lui dire d'aller dans sa chambre ?

Déjà on est à table donc il ne va pas aller dans sa chambre, il va manger d'abord. On va lui dire de sortir les mains de sa culotte et de poser les mains sur la table. D'ailleurs c'est une question d'éducation, de mettre ses mains sur la table. Comme si historiquement tout ce qui était en dessous de la table nous posait problème. Le repas est un moment où l'on partage des choses ensemble. Il faut pouvoir lui dire qu'à table, on mange. Si on commence à lui dire "Va te laver les mains", c'est donner une image sale de la sexualité. Donc il faut simplement lui dire qu'il est à table, que ce n'est pas le moment. Mais aussi que son zizi est formidable, que si ça lui fait du bien, c'est très bien, mais que cela le regarde, que c'est une histoire de toi-même, avec toi-même. 

On doit vraiment lui dire "ton zizi est formidable" ? Et ne pas le fâcher ?

Je pense qu'il faut être autoritaire dans le sens où il faut un cadre défini : on est à table, on est ensemble, on partage des choses. De même qu'on est pas dans un auto-érotisme sur son portable, on ne l'est pas sur son zizi. On peut par contre faire de la pédagogie pas que de l'autoritarisme, qui rencontre toujours de l'inquiétude parentale de notre sexualité. L'idée que nos enfants sont déjà sexués nous dérange profondément. 

Comment lui apprendre qu'il ne faut pas le faire devant les gens ?  

Il faut lui faire prendre conscience qu'il y a les autres. Lorsqu'on est dans un auto-érotisme, on ne voit plus les autres, ils n'existent plus. Ce petit garçon a dix ans, il a découvert la pudeur qui s'installe aux alentours de six ans. Il faut qu'il prenne acte que lorsqu'il est avec d'autres personnes, ce n'est pas le moment. C'est important à deux titres. Déjà on ne mélange pas et on ne contraint des gens en public qui n'ont pas envie d'être là dedans. Et si l'enfant est toujours dans cette préoccupation, il faut découvrir ce qu'il s'est passé pour qu'il pense que cela peut être un moyen de communication. C'est peut être aussi l'alerte d'un enfant exposé à une sexualité dans un cadre inapproprié.