Nutella lance dimanche une campagne de publicité sur la "qualité", selon Ferrero, de cette pâte à tartiner qui comprend plus de 85% de sucre et de matière grasse, au grand dam de l'Agence nationale de sécurité sanitaire pour qui ce type de produit est d'un point de vue nutritionnel "catastrophique".
56,3% de sucre. "Nous entendons garder une position forte sur le marché français et continuer à développer" Nutella alors que la "marque alimentaire préférée des Français a été très critiquée ces dernières années", expliquait mi-janvier le président directeur général de Ferrero France Jean-Baptiste Santoul, présent sur le site de Villers-Ecalles, près de Rouen, premier site de production au monde de cette gourmandise composée à 56,3% de sucre et à 30,9% de matière grasse. Il présentait alors aux médias cette campagne vantant la traçabilité des ingrédients de Nutella et dont "la première vague" est prévue "tout au long du premier semestre 2018".
L'huile de palme, "sans intérêt nutritionnel". Avec cette campagne, l'entreprise persiste et signe sur l'huile de palme dont Nutella est composé à 20% environ, selon Ferrero qui en achète 185.000 tonnes par an dans le monde mais "certifiées durables". Selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pourtant, l'huile de palme, dont la mention est obligatoire depuis 2014 sur les produits qui en contiennent, est "sans intérêt nutritionnel" et contient des acides gras saturés qui "en excès peuvent favoriser les maladies cardiovasculaires".
"Pas la peine d'inciter les gens". "Ce type de produit, c'est une bombe calorique avec, contrairement à la confiture ou au beurre, un intérêt nutritionnel quasi nul. Pour le sucre, c'est une catastrophe. Il ne se voit pas. Si vous mettiez la même quantité de sucre dans votre café, vous seriez effrayé", résume la professeure Irène Margaritis, cheffe de l'évaluation de risques liés à la nutrition de l'Anses. Le Nutella affiche 539 kcal pour 100 grammes (contre 300 kcal environ pour un cheeseburger entier). A l'heure où "on a un très fort problème avec les gens qui consomment trop de sucre" et "un problème aussi avec les gens qui consomment trop de gras", l'Anses plaide pour "des mesures visant à limiter l'incitation à la consommation de produits sucrés (dont ce produit fait partie)", dont l'excès peut entraîner "surpoids, obésité et maladies qui y sont associées de façon indirecte comme le diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires, certains cancers". "Ce n'est pas la peine d'inciter les gens, de toute façon, ils adorent ça. Il faudrait qu'il y ait des campagnes d'information visant à donner à ces produits la place qui leur revient, occasionnelle", ajoute Irène Margaritis.