Laurent Alexandre, expert en nouvelles technologies, était l'invité d'Anne Sinclair, samedi matin sur Europe 1. Il soutient que le cancer finira par être vaincu grâce aux thérapies géniques, d'ici quelques décennies et que la mort pourrait bien disparaître.
"Les dinosaures avaient déjà des cancers", souligne Laurent Alexandre, le fondateur du site Doctissimo.fr, alors qu'un Français sur trois est actuellement touché par cette maladie. Invité d'Anne Sinclair, samedi matin sur Europe 1, ce chirurgien spécialiste des nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives (NBIC) basé à Bruxelles, en Belgique, est convaincu que les thérapies géniques permettront d'ici quelques décennies, de maîtriser l'évolution du cancer, qui ne sera donc plus mortel.
La révolution numérique au service du cancer. Pour Laurent Alexandre, on est d'ailleurs déjà entré dans l'ère de la cancérologie 2.0. "En cancérologie, de plus en plus de malades on une analyse ADN de leur tumeur cela permet de comprendre les particularités de chacune. Il n'y a pas deux cancers identiques, un cancer du sein cela ne veut rien dire. Chaque cancer du sein est différent. Pour le président de DNA Vision, société belge spécialisée dans le séquençage du génome humain, "l'importance des algorithmes" et l'usage du numérique dans la médecine du futur, notamment en cancérologie, est une évidence.
"La médecine d'aujourd'hui génère une quantité de données qu'aucun cerveau humain ne peut traiter, même pas Dr House", indique-t-il. "Si vous prenez l'analyse biologique, l'analyse ADN, d'une tumeur, d'un cancer, c'est 20.000 milliards d’informations par malade, poursuit le chirurgien-urologue. "Quel cancérologue, fut-il génial, peut-il traiter 20.000 milliards d'informations pendant une consultation de 12 minutes, habillage et rhabillage compris ?"
Des chimiothérapies individualisées. Le séquençage de l'ADN en particulier change la donne en cancérologie, car il permet "d'avoir un traitement personnalisé", avance le spécialiste. "La génétique va devenir progressivement le pivot, l’élément central du traitement du cancer de manière à donner à chaque individu un traitement adapté à son cancer, qui est différent des autres cancers", précise ce diplômé de l'ENA, auteur en 2014 de La défaite du cancer. Face à la diversité des cancers et des malades, les NBIC offriront donc la possibilité de mieux cibler les soins.
Une banalisation du cancer. Raison pour laquelle, on pourra, à terme, guérir du cancer, d'après Laurent Alexandre. "Progressivement, le cancer ne sera plus une maladie mortelle, mais une maladie chronique comme le Sida l'est devenu dans les pays occidentaux", assure ce spécialiste du transhumanisme qui précise toutefois : "On parle d'ici 15 à 20 ans, pas demain matin. Le cancer va encore tuer beaucoup de gens malheureusement".
C'est même la mort elle-même qui finira peut-être par disparaître avec le développement exponentiel des nanotechnologies. "Les technologies NBIC vont permettre de commencer à "euthanasier la mort", à développer l’intelligence artificielle", affirme ainsi l'auteur de La Mort de la mort, publié en 2011 aux éditions JC Lattès.
Le développement de l'intelligence artificielle dans la médecine. Cet expert, qui pointe l'essor inéluctable de intelligence artificielle dans nos sociétés, a d'ailleurs une certitude : "Demain, ce sont des robots qui nous opéreront et ce sont des automates dotés d'intelligence artificielle qui résoudront notre problème". Même si, tempère-t-il à moitié, "l'ordonnance continuera à être signée par un médecin qui ne l'aura pas conçue, mais aura récupéré le PDF issu de l'intelligence artificielle".
>> Retrouvez le grand entretien d'Anne Sinclair sur Europe 1, tous les samedis matin, de 8h40 à 9 heures.