Anne Hidalgo en a fait l'une des vitrines de la candidature de Paris à l'organisation des J.O 2024. Mercredi, la maire de Paris annonçait sur RMC qu'elle allait proposer que l'épreuve de la course de triathlon se déroule dans la Seine. Une annonce qui a tout d'un vœu pieux tant la qualité de l'eau laisse encore à désirer, même si le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP) l'affirme sur le site de Metronews : "Jamais, ces 40 dernières années, la Seine n'a été aussi propre". Propre, mais pas baignable : c'est d'ailleurs ce qui avait empêché Jacques Chirac de tenir sa promesse, formulée en 1988, d'autoriser à nouveau les badauds à piquer une tête dans le fleuve. Anne Hidalgo, elle, n'a pas voulu se mouiller comme l'avait fait son prédécesseur puisqu'elle a affirmé : "Je ne me baignerais pas dans la Seine aujourd'hui."
Un arrêté de 1923 pour Paris. En 2024, cela fera 101 ans exactement que la baignade est interdite à Paris. Tout est parti d'un arrêté préfectoral de 1923, qui empêche depuis les estivants de la capitale de se jeter à l'eau. Une interdiction largement bafouée jusque dans les années 50, désormais mieux respectée, même si le canal de l'Ourcq et le canal Saint-Martin ont accueilli nombre de baigneurs ces derniers jours. Europe1.fr a donc tenté de débusquer d'éventuelles zones de baignade autorisées le long de la Seine dans le reste de l'Île-de-France. Force est de constater qu'il n'en existe tout simplement aucun.
Les Yvelines ont interdit la baignade en 2013. Et pour cause, en dehors de l'arrêté parisien, le préfet des Yvelines (78) a lui aussi pris la décision d'interdire la baignade le long du fleuve en juin 2013. Pour le reste du territoire francilien, pas d'arrêté gravé dans le marbre, mais la même interdiction. Auprès de l'Agence Régionale de Santé (ARS), on explique que "les préfets reçoivent des demandes d'autorisation pour la tenue d'activités nautiques ou de zones de baignades". Ces demandes sont d'abord examinées par l'ARS, qui évalue le risque sanitaire et remet son avis au préfet. "Depuis que la procédure se déroule ainsi, aucune demande d'autorisation n'a été validée", conclut l'agence qui précise néanmoins que, la Seine mise à part, l'Île-de-France offre de nombreuses autres possibilités de baignade (rivières ou plans d'eaux).
Des risques sanitaires, mais pas que. Parmi les risques que présentent la baignade dans la Seine, la qualité de l'eau, dont le seuil de pollution bactériologique reste élevé. Résultat, plusieurs bactéries en particulier posent problème : il s'agit de l'escherichia coli (provoque des gastro-entérites) et des entérocoques (à l'origine d'infections urinaires). La présence de rats, venus se réfugier dans l'eau contre le froid ou la chaleur, et la possibilité d'être en contact avec l'urine des rongeurs peut déclencher des cas de leptospirose, qui, dans sa forme la plus violente, la maladie de Weil, peut s'avérer mortelle. Autre risque, moins intuitif, celui de rentrer en collision avec les nombreuses barges, péniches et bateaux-mouches qui arpentent sans relâche le fleuve, tout particulièrement sur la portion parisienne, qui s'étend sur 12 kilomètres.
Pour les baigneurs, restent donc les piscines et les nombreux plans d'eau de la région. Pour Anne Hidalgo, il va falloir mettre un coup d'accélérateur si elle veut pouvoir réaliser son projet de triathlon dans la Seine en cas de succès de la candidature parisienne aux J.O.