125 fois plus de fumée, 25 fois plus de goudron, 2,5 fois plus de nicotine et 10 fois plus de monoxyde de carbone. C'est, selon une étude mondiale financée par le National Cancer Institute américain et récemment parue dans la revue Public Health Reports, ce qu'inhale un fumeur lors d'une séance de chicha, comparée à ce qu'il inhale en fumant une cigarette.
Les bars à chicha trop peu contrôlés ? Les chercheurs ont scruté les 542 études ayant déjà eu lieu sur la comparaison de la dangerosité entre le narguilé et la cigarette. Ils en ont extrait 17, celles qu'ils jugeaient les plus crédibles. Résultat : ils arrivent à la conclusion que la dangerosité de la chicha est largement sous-estimée par le grand public. Et que les autorités ne font généralement pas assez de prévention.
La France est concernée par ce constat. "En 2006, lorsque l’interdiction de fumer dans les lieux publics a été mise en place, il y avait de fortes pressions pour que la chicha ne soit pas concernée", confirme le pneumologue Bertrand Dautzenberg, interrogé par Pourquoi docteur. Aujourd'hui, les bars à chicha restent à la mode et peu de campagnes de prévention sont en effet réalisées. En outre, les bars à chicha, "qui respectent rarement la législation (avoir un espace fumoir homologué, notamment, à l’image des clubs ou des cafés), ils bénéficient encore, pour le moment, d’une forme de tolérance de la part des autorités", renchérit le site d'actu santé.
La chicha ne se consomme pas comme une cigarette. Toutefois, l'étude apporte quelques nuances à la dangerosité de la chicha. D'une part, elle serait faiblement addictive. En outre, on n'en consomme pas autant que la cigarette. "Ce n'est pas une comparaison idéale parce que les cigarettes et la chicha se fument de manières très différentes. Nous avons mené l'analyse en comparant une séance de chicha et le fait de fumer une cigarette (...), mais les estimations auxquelles nous sommes arrivées ne peuvent pas nous dire exactement lequel est pire", conclut même le docteur Primack, auteur de l'étude, cité par La Parisienne.