Vaccination des 12-17 ans : "le bénéfice pour les ados est plus d’ordre social ou familial"

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Rémi Duchemin
La vaccination est possible depuis ce mardi pour les adolescents à partir de 12 ans, en France. Pour l’infectiologue Odile Launay, invitée d'Europe 1, au-delà de l’objectif d’immunité collective, c’est avant tout pour retrouver une vie normale, notamment au collège et au lycée, que les jeunes doivent en passer par le vaccin.

Depuis mardi, les jeunes âgés de 12 à 17 ans peuvent eux aussi se faire vacciner contre le coronavirus. Il faut pour cela l’accord écrit des deux parents, et que l’un d’eux soit présent au moment de l’injection. Par cette décision, les autorités souhaitent que le rythme de vaccination reste à un niveau élevé, dans le but d’atteindre une immunité collective la plus large possible. Mais Odile Launay, infectiologue et responsable du centre de vaccinologie de l'hôpital Cochin à Paris, préfère insister sur le bénéfice individuel que peuvent en retirer les adolescents. "C’est plus un bénéfice d'ordre à la fois social, familial", estime-t-elle mardi sur Europe 1.

"Le bénéfice, pour eux, il n'est pas tellement sur leur santé physique, en tout cas d’éviter d'avoir des formes graves de Covid", insiste Odile Launay. "Mais puisqu’ils ont été très impactés par la crise sanitaire, l'idée est de permettre à ces jeunes de pouvoir retourner au collège, au lycée, de pouvoir reprendre une activité sportive. Donc, finalement, c'est un bénéfice plus sur leur possibilité de reprendre une vie plus proche de la normale. Et ça, ça passe par une immunisation très large de cette tranche d'âge et de fait, la limitation de la circulation du virus. Le bénéfice n’est pas que collectif, il est aussi individuel."

"On a pour l'instant encore un recul modéré vis-à-vis de la vaccination des plus jeunes"

Et selon l’infectiologue, la vaccination des plus jeunes ne suffira de toute façon pas à atteindre l’immunité collective. "Il ne faut pas se faire d'illusion. Même quand on va avoir vacciné une proportion plus importante de la population, y compris les plus jeunes, le virus va continuer à circuler et va continuer à entraîner des formes sévères et des complications chez des personnes plus à risque si elles n'ont pas été vaccinées", prévient-elle. "Donc, le message, c'est 'oui, vacciner les plus jeunes et en tous les cas à partir de l'âge de 12 ans, mais faisons tout pour que les plus âgés et les plus à risque qui aujourd'hui ne sont pas encore vaccinés parce qu'ils ont des inquiétudes se fassent vacciner.'"

Quant aux risques auxquels s’exposent les plus jeunes avec la vaccination, Odile Launay ne les élude pas. "Pour l'instant, on a vacciné essentiellement les adultes, en commençant par les adultes les plus âgés. Donc, on a pour l'instant encore un recul assez modéré vis-à-vis de la vaccination des plus jeunes", admet-elle. "Et on sait qu'il peut y avoir des effets indésirables qui ne se seraient pas dévoilés chez des gens plus âgés, qui pourraient se voir chez les sujets plus jeunes. Donc, je crois qu'il faut rester prudent. Pour la France, on a la possibilité d'avoir des données qui nous viennent des Etats-Unis, du Canada. On doit rester extrêmement vigilant."