Faut-il mettre en place un dépistage systématique du cancer du poumon chez tous les gros fumeurs ? C'est en tout cas ce que réclament plusieurs experts (cancérologues et pneumologues notamment) qui interpellent les autorités sanitaires. Cela se fait déjà aux Etats Unis, mais pas en France ; la Haute Autorité de Santé (HAS) a d'ailleurs rendu un avis défavorable à ce sujet en 2016. Pourtant, une importante étude européenne montre un réel bénéfice de ce dépistage par scanner sur de gros fumeurs.
Un dépistage plus précoce. Ce que montre cette large étude, qui a tout de même portée sur plus de 15 000 patients suivis pendant 10 ans, c'est que si on fait passer un scanner à tous les gros fumeurs de plus de 50 ans, on réduit de 26% les décès dus à un cancer du poumon chez les hommes et de 40% chez les femmes. En clair, on va dépister des cancers, mais à des stades plus précoces. C'est ce qui peut vraiment changer le pronostic, précise le professeur Charles Marquette, chef du service de pneumologie du CHU de Nice.
"Si on veut donner un chiffre simple, trois quarts des cancers du poumon sont découverts à un stade tardif actuellement ; on ne peut plus les opérer, il est trop tard", explique-t-il. "Quand on dépiste par scanner le chiffre est exactement inverse : trois quarts des cancers sont découverts à un stade précoce, qu'on peut opérer, et donc guérir", poursuit le médecin. "Donc on inverse complètement la proportion par un examen qui ne fait pas mal, qui n'est pas toxique, qui est un simple scanner du thorax", conclut-il.
Sauver 7 500 vies. Et pour convaincre les autorités sanitaires de mettre en place ce dépistage systématique vers 50 ans chez les personnes qui ont au moins fumé 25 ans, ces experts on fait le calcul. Sur la base de cette étude, dépister le cancer du poumon par scanner permettrait de sauver au moins 7500 vies par an en France.