C'est une mission hautement périlleuse à laquelle se prépare l'Agence spatiale européenne. Pour la première fois dans l'histoire spatiale, l'homme va tenter de faire atterrir un robot sur une comète. Opportunity et Curiosity ont été envoyés respectivement en 2004 et en 2013 sur Mars par la Nasa. C'est maintenant au tour de Philae d'être largué par la sonde européenne Rosetta sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko, Tchoury de son petit nom. Elle devrait, si tout se passe bien, toucher le sol de la comète à 16 heures 34 précise. Europe 1 vous présente les différents acteurs et les enjeux de cette aventure unique.
Bientôt, Philae, bientôt… Dans 24 heures, @Philae2014 sera envoyé par Rosetta vers la comète #PoseToiPhilaepic.twitter.com/wzftMaUY7G— CNES (@CNES) 11 Novembre 2014
Rosetta, 400 millions de kilomètres dans les pattes et toujours d'attaque
Rosetta est une sonde bien robuste. Rappelons quelques chiffres. Lancée en 2004, elle a voyagé pendant 10 ans jusqu'à Tchoury, parcourant ainsi … 400 millions de kilomètres. Après une manœuvre complexe pour se placer en orbite au mois d'août, Rosetta a déployé ses 11 instruments scientifiques pour ausculter la comète, sa forme, ses rejets gazeux, sa surface et sa température. On sait ainsi qu'il fait très froid sur Tchoury, -70 degrés en moyenne. Nombreux sont ceux qui ont vu dans sa forme … un canard.
>> La formidable odyssée de Philae, le robot de Rosetta, par Alain Cirou :
VIDEO - La formidable odyssée Philae le petit...par Europe1frPhilae, 100 kg sur la terre, 1 gramme sur Tchoury
Philae (le nom d'une île du Nil) restera jusqu'à mercredi 9 heures 30 dans le ventre de Rosetta, moment où elle va être larguée en direction de la comète. Elle devra alors parcourir les 20 kilomètres qui la séparent de Tchoury à une distance de 3,5 kilomètres heures.
D'une modeste taille (1 m3) mais pesant tout de même 100 kilos, le robot risque gros à l'atterrissage. En effet, la gravité particulière de Tchoury abaissera son poids à un gramme seulement, d'où le risque de le voir rebondir comme une balle en caoutchouc. C'est pour cette raison que les scientifiques l'ont équipé d'un propulseur à gaz froid pour le"plaquer" au sol, le temps qu'il enfonce ses harpons.
Atterrissage sur la tête du "canard", à Agilkia
Au vu du relief accidenté de Tchoury, trouver un site d'atterrissage adéquat n'a pas été simple. Ce dernier doit en effet répondre à plusieurs critères. Il doit bénéficier d'un sol plat, entouré d'un relief dégagé afin de permettre au robot de communiquer facilement avec Rosetta. Le site doit aussi avoir un ensoleillement suffisant pour le bon fonctionnement des panneaux solaires tout en ayant des périodes nocturnes pour permettre à Philae d'étudier l'amplitude thermique entre le jour et la nuit.
Le site finalement sélectionné, dénommé Aglikia (une autre île du Nil) et d'une surface d'un kilomètre carré, est situé sur la plus petite partie de Tchoury, la tête du canard en quelque sorte.
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Photographier, forer, analyser.
Une fois ancré dans Tchoury, Philae et ses 10 instruments auront du pain sur la planche. Fonctionnant pour une soixantaine d'heures sur batterie, il devra d'abord prendre une photo panoramique de son site, puis des photos du sol. Il lui faudra ensuite effectuer une rotation sur lui-même pour trouver la meilleure position possible afin de procéder au forage de Tchoury. Avec l'instrument SD2 qui ressemble à une perceuse améliorée, il explorera le sol, récupérera et analysera des échantillons. Une fois sa batterie déchargée, la mission n'est pas pour autant finie. Philae déploiera alors ses panneaux solaires pour poursuivre ses recherches.
Regarder le travail de Philae dans cette vidéo du Cnes :
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Que peut nous apprendre la comète Tchoury ? Beaucoup de choses. Et cela a déjà commencé grâce à Rosetta qui l'a observée à 10 kilomètres de distance depuis plusieurs mois. Tchoury est un très gros caillou de 4 kilomètres de long. Les caméras de Rosetta nous ont déjà appris que sa surface est de couleur grise et en grande partie accidentée. On sait aussi qu'elle est composée en majorité de glace, qui fond au fur et à mesure que la comète se rapproche du soleil. Rosetta a également détecté les molécules situées dans les gaz dégagés par Tchoury : de l'eau, du dioxyde de carbone, du méthanol etc…
4,1 x 5,4 km. Chury, c'est l'équivalent des 6 premiers arrondissements de @Paris ! #PoseToiPhilaepic.twitter.com/MMVrqJ9IO9— CNES (@CNES) 8 Novembre 2014
Connaître l'origine de la vie ? Le robot Philae, s'il arrive à fouiller les entrailles de Tchoury, nous en apprendra encore plus. Les comètes sont en effet les témoins de la création de notre système solaire il y a 4,56 milliards d'années. Les scientifiques espèrent donc apprendre beaucoup des constituants originels qui se sont agglomérés lors du Big Bang pour constituer nos étoiles et nos planètes. Et pourquoi pas enfin découvrir comment la vie a pu apparaître sur notre Terre ?
Suivez en direct le lancement de Philae à partir de mercredi, 15 h 30 :
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