Le bruit des bateaux à moteur stresse tellement certains poissons qu'ils réagissent moins souvent et moins rapidement aux attaques de leur prédateur, indique une étude publiée dans la revue Nature vendredi. La conséquence ? Cela double leur taux de mortalité par prédation.
Plus de stress, moins de réactivité. Une équipe de chercheurs a étudié l'impact du bruit sur les poissons dits demoiselles face aux attaques d'un autre poisson, le pseudochromis fuscus, dont ils sont une des proies préférées. Les poissons demoiselles "étaient plus facilement capturés par leur prédateur naturel quand ils étaient exposés au bruit d'un bateau à moteur" que quand ils se trouvaient dans leur environnement sonore habituel.
Le bruit d'un bateau à moteur augmente leur stress et réduit leurs réactions face aux prédateurs : ils sont alors "plus de deux fois plus nombreux" à en être victimes, ont calculé les chercheurs. En laboratoire, les poissons demoiselles ont utilisé "20% d'oxygène de plus en 30 minutes" quand ils ont été exposés à un bruit de bateau à moteur. Un stress similaire a été observé en mer : ils ont eu besoin de 33% d'oxygène supplémentaire. "Il est possible que le stress provoqué par le bruit réduise la probabilité que la proie détecte l'arrivée de prédateurs", notent les chercheurs. Quand des bateaux à moteurs passent à proximité, le délai de réaction à un poisson ennemi augmente de 22%.
Une possibilité de s'habituer au bruit ? L'étude "démontre l'existence d'un impact direct" du bruit fait par l'homme sur les relations entre une proie et son prédateur, et "quantifie pour la première fois ses conséquences négatives pour la survie de la proie", soulignent les chercheurs. Dans les zones de récifs coralliens où le bruit d'un bateau à moteur est fréquent, comme par exemple la Grande Barrière de corail, il "pourrait affecter la démographie des populations impactées", ajoutent-ils. Reste à déterminer si, exposés de manière répétée au bruit d'un bateau, les poissons demoiselles le supporteraient davantage avec le temps, ajoutent-ils.