40 ans de la mort de Mesrine : "C'était un voyou malin et intelligent"

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Céline Brégand , modifié à
Le 2 octobre 1979, l'ennemi public numéro 1 Jacques Mesrine est abattu par la police. Matthieu Frachon, auteur spécialiste de l'histoire du crime, revient au micro d'Europe 1 sur le profil du légendaire bandit. 
INTERVIEW

Il y a 40 ans jour pour jour, porte de Clignancourt en plein Paris et après 18 mois de cavale, Jacques Mesrine, l'homme le plus recherché de France, était tué par la police. Pour Matthieu Frachon, auteur spécialiste de l'histoire du crime, l'ex-ennemi public numéro 1 était "un voyou malin et intelligent. C'est un cocktail qui peut sauter à la figure de n'importe qui". 

Jean-Louis Fiamenghi, ancien patron du RAID, est le policier qui a tué Jacques Mesrine. Il est l'auteur du livre "Dans le secret de l'action" (Mareuil éditions) qui raconte la traque et les derniers instants du bandit. Il raconte à Europe 1 ce qui s'est passé ce 2 novembre 1979 à 15h15, porte de Clignancourt. "Lorsque les policiers commencent à progresser à pied vers le véhicule de Mesrine, chacun voit Jacques Mesrine bouger à l'intérieur du véhicule. Nous pensions qu'il voulait se saisir des armes qui étaient à sa gauche en bas dans la sacoche. C'est ce mouvement qui a provoqué la réaction des tireurs et nous avons tiré dessus, comme nous l'avons dit au juge d'instruction, en état de légitime défense."  

Mesrine est "quelqu'un qui a forgé sa propre légende"

Un premier braquage à 23 ans, une multiplication de pillages, "l'homme aux mille visages" frappe en Europe mais aussi au Québec. Il est arrêté à cinq reprises. "Jacques Mesrine est probablement l'un des 'Christ' de cette époque, dans le sens emblématique. C'est quelqu'un qui a forgé sa propre légende, qui est arrivé à faire croire à tout le monde qu'il était un bandit au grand cœur, un bandit même revendicatif, ce qui n'était pas du tout le cas", fait remarquer Matthieu Frachon.  

En 1978, Mesrine s'évade alors qu'il est dans les hauts quartiers de sécurité. Et il envoie une cassette où il se confie aux médias. Europe 1 recevra cette cassette et ne la diffusera pas à l'époque, pour ne pas faire l'apologie d'un truand. Dans cette cassette, il déclarait alors : "Je considère que c'est pas si mal que ça d'aller jusqu'au bout. Et c'est ce qu'il faut dans la vie. J'aime pas les gens justement qui reculent. [...]. La seule chose que je sais c'est que si tu écoutes cette cassette c'est que je suis dans une cellule d'où on ne s'évade pas."

"Il avait compris une certaine forme de communication et son discours a été relayé", analyse Matthieu Frachon.