À Calais, la hache de guerre est déterrée entre les associations de soutien aux migrants et les habitants. Des bénévoles tentent de leur apporter le minimum vital - repas, vêtements, couvertures - aux migrants, de plus en plus nombreux aux abords de l'ancienne jungle. Mais les autorités, la mairie, et les Calaisiens eux-mêmes, ne l'entendent pas de cette oreille.
"On a fait la police nous-mêmes". La tension est telle que lundi dernier, ce sont les riverains d'un quartier résidentiel qui ont empêché la distribution de repas aux migrants par les associations, sur un parking voisin. Gérald, l'un de ces habitants, ne voulait pas les voir "salir le trottoir". "On a fait la police nous-mêmes, et on a carrément bloqué le parking. La distribution de repas était interdite, alors on n'a pas laissé faire", tempête-t-il. "Depuis ce temps-là, on est tranquilles."
La police "nous poursuit partout". Ces distributions de repas ne sont tolérées que deux heures par jour par la préfecture, sur un seul site. Les migrants disent vivre sous la pression constante de la police. "Ils nous poursuivent tous, partout, et ils interrompent les distributions de nourriture. Ça me rend très amer car les gens qui sont ici veulent seulement avoir une vie meilleure", raconte l'un d'eux.
"Bien décidés à continuer". François Guennoc, de l'association L'Auberge des migrants, n'en démord pas : "Rien ne nous empêchera d'assurer le minimum humanitaire pour les 600 réfugiés présents à Calais". "Dans la mesure où la police nous bloque sur ces nouveaux endroits, on se déplace. On est bien décidés à continuer, car il y a une situation d'urgence et notre travail est très important pour la survie des personnes. De toutes façons, on persistera", assure-t-il.
Les autorités semblent bien décidées à dissuader les arrivées de nouveaux migrants. 150 policiers arriveront bientôt en renfort à Calais.