A Villeneuve-Saint-Georges, la "brigade des daronnes" lutte contre les violences entre jeunes

La "brigade des daronnes" agit dans le quartier du Bois-Matar.
La "brigade des daronnes" agit dans le quartier du Bois-Matar. © Capture d'écran/Google Maps
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Justin Morin, édité par Jonathan Grelier
Pour éviter les affrontements entre jeunes, une trentaine de mères de famille du quartier du Bois-Matar, à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, se sont organisées. Maraudes, actions auprès des jeunes, alertes lancées sur une conversation WhatsApp... Grâce à leurs actions, elles ont réussi à apaiser la vie de leur quartier.

Elles s’appellent, un peu pour rire, "la brigade des daronnes". Dans le quartier du Bois-Matar, à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, ces mères de famille ont créé un réseau destiné à éviter les affrontements entre jeunes. Maraudes de nuit, actions auprès des jeunes et en lien avec les établissements scolaires... Grâce à leur action, ces mamans ont reçu le trophée "ellesdeFrance" de la région Île-de-France. Mais alors que les rixes mortelles ont marqué l'actualité ces dernières semaines en France, ces mamans ont surtout apaisé leur quartier.

Une conversation WhatsApp pour lancer des alertes

L'une d'elles, Fanta Macalou, évoque avec une grande tristesse et les larmes aux yeux la mort récente de deux adolescents de 14 ans en Essonne au micro d'Europe 1 : "Dans ces moments, j'ai énormément de douleur en tant que mère. Des enfants mineurs ! Je me demande où on va." Si Fanta Macalou est très émue, c'est parce qu'elle craint que cela puisse arriver à l’un de ses quatre enfants. Pour éviter un tel drame, elle peut néanmoins compter sur la conversation WhatsApp qu'elle anime avec la trentaine de mamans du quartier. Des mères vigilantes qui, au moindre soupçon, donnent l’alerte.

"Il y a un problème dans la cité. Il y a les jeunes qui sont en embrouille juste à côté de chez nous. Je vais descendre pour les calmer un peu", avertissait ainsi une des mamans sur la conversation la semaine dernière. "Finalement, plusieurs sont descendues et les jeunes sont partis", indique Fanta Macalou. "Il n'y a pas de remède miracle en fait. Moi, je tire mon chapeau aux mamans qui traînent dehors la nuit, qu'il pleuve, qu'il neige... Nous on respecte (ces jeunes), donc ils nous respectent."

"Une mère de famille ne peut pas rester les bras croisés"

Instaurées il y a deux ans, les maraudes nocturnes ont fourni des résultats. Dans le quartier, il n'y a quasiment plus aucun problème de violence, le couvre-feu est à peu près respecté et un lien avec les jeunes en difficulté a été établi. Désormais, Dansira et Adriana tentent d’inciter les mamans des communes voisines à reproduire ce genre d'initiative. "Une mère de famille ne peut pas rester les bras croisés", estime la première. "Tout le monde peut le faire, il faut que chacun se mobilise", surenchérit la seconde.

Même si la paix sociale reste fragile autour d'elles, elles disent être sûres d’avoir sauvé certains jeunes de la délinquance.