Enquêtes sur les parcours, détails sur l'enfance, que ce soit lors des attentats de janvier ou novembre 2015, le passé des terroristes est toujours étudié avec minutie par les autorités et la presse. Dans Il n'y en a pas deux comme elle, Boris Cyrulnik, psychiatre et psychanalyste, est revenu sur l'enfance de ces terroristes et leur pouvoir de fascination.
"Les héros tragiques". "Vous pensez que Mohamed Merah est un minable, (...) jusqu'au jour où il prend une arme et qu'il entre dans une école pour tuer des enfants et filmer cela", décrit le psychiatre. "A ce moment là, ce minable là, vous le craignez et moi aussi", estime Boris Cyrulnik. C'est ce mécanisme que le psychanalyste englobe lorsqu'il évoque "les héros tragiques". Des individus qui, de part leur action négative, peuvent devenir des modèles.
"Comment voulez-vous qu'il apprenne à contrôler ses émotions ?". "Quand un bébé, au cour des premiers mois de sa vie, a bien été sécurisé sensoriellement par une image maternelle, son cerveau est sculpté par la sécurité", indique le psychiatre. "Or ces enfants là, comme Mohamed Merah ou autres, n'ont eu aucune de ces sculptures", affirme le spécialiste.
Et Boris Cyrulnik de lister les autres insuffisances rencontrées par ces enfants : "carences éducatives et culturelles précoces, défaillances affectives, culturelles et sociales autour de lui". "Comment voulez-vous qu'il apprenne à contrôler ces émotions ?", interroge le psychanalyste. Cet enfant devient alors "une proie pour un gourou", qui peut l'enfermer dans une idéologie haineuse et mortifère. Un point commun que l'on retrouve dans les parcours des frères Abdeslam ou d'Amedy Coulibaly.