Trois des quatre policiers mis en cause dans l'affaire Théo ont été réintégrés. Une décision qui a provoqué la colère de la famille du jeune homme victime présumée d'un viol avec une matraque lors de son interpellation il y a un an à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.
"On a même pas attendu les un an de l'affaire pour réintégrer les policiers. À un moment donné, faut arrêter ", a réagi Éléonore, la sœur aîné du jeune homme, dimanche, au micro d'Europe 1.
Le fonctionnaire mis en examen pour viol reste suspendu. Les quatre policiers avaient été suspendus quelques jours après l'éclatement de l'affaire, le 2 février 2017. Si le fonctionnaire qui a été mis en examen pour viol reste suspendu, les trois autres, inculpés pour violences volontaires en réunion, ont été réintégrés, a indiqué une source policière, confirmant une information du Parisien. Le premier a été affecté en Seine-Saint-Denis, le second muté en province et le troisième est en attente d'une affectation également en province, selon son avocat Me Daniel Merchat.
"Pour eux, on est 'des riens du tout'". "La réponse qu'ils nous apportent elle est très claire : on est 'des rien du tout'. Est-ce qu'on est juste un défouloir pour les policiers ? Pour des frustrés ? Parce-que là clairement c'est eux qui salissent la fonction et c'est eux qu'on réintègre", a poursuivit Éléonore. "Quand ceux qui portent l'uniforme ne respectent même pas cette fonction-là, c'est pas la peine de nous demander à nous de respecter l'uniforme. On parle d'exemplarité, ils se doivent les premiers d'être exemplaires", a-t-elle poursuivi, reprenant les termes du Premier ministre de l'époque, Bernard Cazeneuve, à propos de cette affaire qui avait provoqué plusieurs nuits de révoltes.
En réintégrant les policiers, "quel message on envoie à Théo ?". Selon cette formatrice de 38 ans, cette décision a beaucoup affecté son frère. "Il y a un sentiment d'impunité qui est là ! En réintégrant les trois policiers, quel message on envoie à Théo ? Si ce n'est vouloir l'anéantir". "Parce-que là, clairement, Théo n'est pas bien, ni physiquement, ni moralement. Ils continuent encore à vouloir tuer, tuer, tuer dans l’œuf Théo", a-t-elle ajouté.
Pour Théo, des "douleurs incessantes", un an après. Invité dimanche dernier de l'émission Clique Dimanche sur Canal+, Théo a expliqué qu'un après, il portait toujours la poche posée par les médecins à cause de la déchirure anale et de la perforation du colon qu'il a subies et que les douleurs physiques étaient "incessantes".
"Personne ne mérite ce sort"
— CANAL+ (@canalplus) 21 janvier 2018
Théo Luhaka, victime de violence policière, s'exprime dans #CliqueDimanche > https://t.co/FPC2JlRPPf@mouloudachourpic.twitter.com/S9aOQkIAAC
L'attente d'une expertise médicale pour déterminer l'ampleur des blessures
Concernant l'instruction en cours à Bobigny, l'avocat d'un des policiers Daniel Merchat a confirmé qu'une expertise médicale serait conduite bientôt pour déterminer l'ampleur des blessures infligées à Théo. "Il est exact que si l'infirmité permanente est retenue nous irons devant la cour d'assises mais nous allons demander une contre-expertise", a dit l'avocat, pour qui cette affaire va prendre la forme d'une "querelle d'experts en balistique et médicaux".