Agriculteur poignardé par un fiché S : "Si j’étais policier, on aurait crié à l’attentat"

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Ce procès va se dérouler vendredi au tribunal d'Agen. © GEORGES GOBET / AFP
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Vendredi, Kamel Belbakkal, fiché S, est jugé à Agen pour "violences avec couteau", une qualification remise en cause par sa victime, un agriculteur de 58 ans. 

C'est officiellement un procès pour "violences avec couteau" qui va se dérouler vendredi au tribunal d'Agen. Mais la victime, Yves Boussuge, un agriculteur de 58 ans, dénonce une attaque terroriste, explique vendredi dans ses pages Le Parisien. En 2017, il a été poignardé par un homme fiché S et assigné à résidence.

Le 18 juin 2017, Yves Boussuge est en pleine moisson en compagnie d'un autre agriculteur dans un de ses champs quand un scooter suivi d'une voiture passent sur la route à côté. Au volant du deux-roues, Kamel Belbakkal, 42 ans, fiché S et assigné à résidence depuis qu'en 2016 des vidéos de Daech (acronyme arabe du groupe État islamique) ont été découvertes sur son portable. Gêné par la poussière générée par la moisson, il stoppe son véhicule et prend à partie oralement les deux agriculteurs.

"Allahou akbar". Puis, tout dégénère. Kamel Belbakkal, qui ne respecte alors pas ses horaires d'assignation, monte dans la voiture conduite par un de ses amis et se lance à la poursuite de la moissonneuse-batteuse. Selon la victime, une fois parvenue à sa cible, le radicalisé bouscule Yves Boussuge, brandit un couteau et le touche deux fois, à l'avant-bras et à un genou. L'agriculteur, choqué, s'effondre et perd connaissance. Selon ce dernier, son agresseur aurait crié trois fois lors des faits "Allahou akbar, tu sais ce que c'est Allahou akbar ?". Le fiché S, lui, prend la fuite.

Une douleur lancinante au bras. Le lendemain, Kamel Belbakkal est arrêté mais ne reconnaît pas l'agression pendant son interrogatoire. Il demande cependant aux enquêteurs de "le laisser partir en Syrie" car il "va faire une connerie". Malgré ses dénégations, il est quand même mis en examen. Examinée en comparution immédiate, l'affaire est finalement renvoyée à l'instruction mais la qualification "terroriste" n'est pas retenue.

"C'est affligeant !" Pour Yves Boussuge, il y a eu un "avant" et un "après". Il se décrit aujourd'hui comme dépressif et souffre encore de son bras. "La procureure m’a expliqué que l’agresseur n’avait pas attaqué un symbole", explique  au Parisien l'agriculteur. "C’est affligeant ! Si cela s’était passé à Paris ou si j’étais policier, on aurait crié à l’attentat. Là, c’est la campagne…", observe-t-il. Son avocat, Maître Sophie Grolleau, elle, ne perd pas espoir : elle soutiendra pendant l'audience qu'il s'agissait au moins d'une attaque "d'inspiration terroriste".