Depuis lundi, plus besoin de présenter vos papiers d'identité à l'embarquement sur les vols en France et à l'intérieur de l'espace Schengen. La décision, prise par Air France et qui concerne également ses filiales Hop! et Transavia, interpelle forcément, alors que la menace terroriste est toujours présente.
"Inacceptable" pour Christian Estrosi. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a été le premier à monter au créneau, lundi matin. "Navette Air France de 6h30 entre Paris et Nice : plus de contrôle d'identité. Inacceptable. Je demande le rétablissement pour toutes les compagnies", s'est indigné l'édile sur Twitter.
#Securité#Aeroport Navette #Airfrance de 6h30 entre @Paris et #Nice06 : plus de contrôle d'identité. Inacceptable. Je demande le rétablissement pour toutes les compagnies.
— Christian Estrosi (@cestrosi) 22 janvier 2018
"Il ne s'agit pas d'un contrôle d'identité", précise Air France. La compagnie, de son côté, explique que la procédure est obsolète depuis le 1er novembre dernier et la levée de l'état d'urgence. "D'abord, il ne s'agit pas d'un contrôle d'identité", précise Gilles Leclair, directeur de la sûreté aérienne d’Air France, sur Europe 1. La procédure en question ne vise en effet qu'à vérifier que le nom mentionné sur la carte d'embarquement du passager est bien le même que celui indiqué sur sa carte d'identité.
La sécurité en question. "La deuxième chose, c'est que les personnes qui se présentent à la porte d'embarquement sont censées être sécurisées, puisqu'elles sont passées à l'inspection-filtrage et qu'elles ont subi les contrôles habituels, c'est-à-dire un contrôle de leur bagage cabine au rayon X et parfois un contrôle d'éventuelles traces d'explosifs. Les personnes qui arrivent à l'embarquement, si tant est qu'elles ne soient pas la bonne personne en possession de la bonne identité, ne constituent pas un problème de sécurité lorsqu'elles montent dans l'avion", assure Gilles Leclair.
Mais la mesure inquiète jusqu'au syndicat des pilotes d'Air France (SPAF). "Au moindre souci, on ne pourra pas identifier le passager qui aura utilisé un billet", s'émeut ainsi son président, Grégoire Aplincourt, sur Europe 1. "Avec cette mesure, vous pouvez avoir un passager dans l'avion qui vient pour essayer de commettre un acte de malveillance. Heureusement, les bagages sont filtrés mais globalement, vous pouvez très bien avoir un passager dans l'avion qui a fait acheter son billet par quelqu'un d'autre pour de mauvaises raisons". Et le pilote de ligne de prendre l'exemple d'un djihadiste qui tenterait de fuir les autorités pour aller se cacher dans un autre pays. "Il suffit qu'il échange son billet avec quelqu'un d'autre, et vous ne pourrez pas le repérer et savoir où il est allé", souligne le président du SPAF.
"Si c'est un djihadiste qui essaie de brouiller les pistes, ce n'est quand même pas Air France qui est chargé de la lutte antiterroriste ! Il y a des services pour cela et s'il y a un soupçon sur une personne on peut imaginer que les services compétents ne seront pas très loin", rétorque Gilles Leclair. "Je pense que dans tous les vols de toutes les compagnies, on peut transporter des malfaiteurs qui ont des faux papiers, qui sont des dangers potentiels, mais qui ont quand même été sécurisés, puisqu'ils sont passés au poste d'inspection- filtrage", répète le directeur de la sûreté aérienne d’Air France.
Une invitation, pas une obligation. Sur son site, Aéroports de Paris précise que ce contrôle n'est pas obligatoire, mais que "la réglementation invite les compagnies à vérifier votre identité avant l’embarquement". Air France a donc tranché. Et d'autres compagnies pourraient suivre, afin de gagner du temps à l'embarquement. La concordance entre l'identité du passager et le nom inscrit sur son billet est néanmoins toujours vérifiée au moment de la dépose des bagages.