"N'a pas de cerveau", "alcoolique", "de confession juive"… Voilà le genre de commentaires que la société Boulanger enregistrait dans ses fichiers au sujet de certains clients. Mais la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a mis en demeure jeudi l'entreprise de mettre un terme à ces commentaires "excessifs".
Un outil informatique et des abus. La société Boulanger a mis à disposition de son réseau un outil informatique permettant aux salariés d'ajouter des commentaires sur les fiches des clients. Jusque-là, rien d'illégal. Mais à la suite d'une plainte, la CNIL a eu la surprise de "relever plusieurs manquements à la loi informatique et liberté" en examinant les fichiers d'un des magasins de la société .
Des commentaires déplacés. Les enquêteurs ont notamment relevé pas moins de 5.828 commentaires sur des clients qualifiés de "non-pertinents". Un euphémisme au vu des commentaires relevés : "client chiant", "très con", "n'a pas de cerveau", "grosse connasse qui se croit tout permis", "casse-couilles", "folle", "fort accent africain", "de confession juive", "problème cardiaque" ou encore "alcoolique"...
"Si le recours à l'utilisation de zones de commentaires libres n'est pas interdit dans la mesure où il permet le suivi des dossiers clients, les informations renseignées doivent être objectives et en relation avec la prestation commerciale", rappelle le gendarme français de l'informatique. "Elles doivent surtout ne pas porter atteinte à l'image de la personne", souligne la CNIL pour qui il revient à l'entreprise de "prendre toutes les mesures pour que ses salariés respectent effectivement ces règles".
Des cookies sans accord. Sur le site internet, la CNIL a par ailleurs relevé le dépôt de cookies - ces fichiers informatiques de traçage - à finalité publicitaire dès l'arrivée sur la page d'accueil, ainsi que la conservation des données enregistrées dans certains de ces cookies pendant des durées pouvant aller jusqu'à 15 ans. La CNIL relève "un manquement à l'obligation d'informer et d'obtenir l'accord préalable des personnes concernées".
Une injonction non contraignante. La CNIL précise cependant que sa mise en demeure a une valeur d'exemple et qu'aucune suite ne sera donnée si la société se conforme à la loi dans un délai de trois mois. Dans le cas contraire, une autre procédure sera lancée qui pourra, elle, aboutir à une sanction. Mais vendredi matin, sur son compte Twitter, l'entreprise a posté un message pour présenter ses excuses et indiquer qu'elle allait se conformer aux exigences de la CNIL.
Suite aux dysfonctionnements identifiés par @CNIL Boulanger présente ses sincères excuses et prend toutes les mesures pour y remédier.
— Boulanger (@boulanger) 24 Juillet 2015
Implantée à Fretin, dans le Nord, la société Boulanger gère des magasins partout en France et emploie 8.000 personnes.