Plus de 300 personnes ont participé dimanche à une "cordée solidaire" partie de Névache pour s'engager vers le col de l'Échelle (Hautes-Alpes), devenu ces derniers mois un lieu de passage des migrants et rendu périlleux avec la neige.
Une marche par -14°C. Organisée par des professionnels de la montagne - guides, accompagnateurs, pisteurs-secouristes, gardiens de refuge -, cette marche dans la vallée de la Clarée, démarrée par -14 degrés, regroupaient des militants du Briançonnais mais aussi de Savoie, de Haute-Savoie, de l'Isère, de la Drôme. Les Alpes-maritimes étaient représentées par Cédric Herrou, agriculteur condamné pour avoir aidé des migrants dans la vallée de la Roya.
Un col de montagne dangereux à passer la nuit. "On voulait monter à un col somme toute banal mais qui comporte tous les dangers de la montagne : avalanche, chutes de pierre, neige, froid. Et le risque de se perdre, surtout quand on enlève les panneaux indicateurs", a dénoncé Jean Gaboriau, guide de haute montagne et organisateur de la cordée. "En baskets et petite veste et qu'on vient d'Afrique et qu'on ne connaît pas la neige, ce n'est plus une promenade de santé", a-t-il ajouté.
Des secours essentiels. Un secours a d'ailleurs été déclenché vers midi par les organisateurs pour aller récupérer un jeune homme africain qui tentait de passer le col de l'Échelle depuis l'Italie. Il a été retrouvé pieds nus dans une pente très raide et a dû être hélitreuillé par le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) qui l'a emmené au centre hospitalier de Briançon. Un traumatologue de cet hôpital et membre de la cellule médicale créée pour faire face à l'afflux des migrants, Max Duez, a rappelé la prééminence du sauvetage : "En mer comme en montagne, le secours ne se discute pas !".
"On ne veut pas que les Alpes deviennent une seconde Méditerranée", a renchéri Marie Dorléans du collectif Tous Migrants. Au mois 3.000 hommes, femmes et enfants sont morts en mer depuis janvier, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Une "crise de l'accueil". Il s'agit "d'infléchir la politique anti-migratoire menée par le gouvernement. Ce n'est pas une crise des migrants mais une crise de l'accueil : ce sont les citoyens qui agissent avec réalisme", a déclaré Marie Dorléans, de Tous Migrants Briançon. Dans le grand Briançonnais de 22.000 personnes, la liste de diffusion du collectif comprend 1.200 adresses. Environ 4.000 nuitées ont été assurées depuis moins d'un an chez les citoyens, selon le réseau d'hospitalité Welcome.