Au deuxième jour du procès d'un animateur périscolaire, jugé pour agressions sexuelles et viols sur des enfants, la hiérarchie de l'accusé a défilé à la barre, avec, en creux, la question en suspens d'un dysfonctionnement et d'une absence de dénonciation à la justice.
L'animateur de 29 ans comparaît aux assises de Nanterre jusqu'à vendredi pour des agressions sexuelles sur 13 garçons et des viols sur deux autres, lors de babysittings et dans 3 écoles de Courbevoie, où il travaillait sur le temps périscolaire. L'homme avait été écroué en 2015 et, depuis, il est apparu que des signalements avaient été réalisés auprès de sa hiérarchie sans que la justice n'en ait été informée. Sur ce volet, une enquête contre X pour non-dénonciation d'agression sexuelle sur mineur, ouverte à l'automne 2017, n'est pas encore bouclée. Et au premier jour du procès, la présidente de la cour d'assises, Magali Tabareau, avait prévenu: "Nous sommes là pour juger (l'accusé) et personne d'autre".
Un premier signalement dès 2012. Mais lundi, ces questions ont été abordées en creux au fil des témoignages de collègues, responsables de centre de loisirs et fonctionnaires. À la barre, un coordinateur a fait état du premier signalement: en 2012, un enfant se plaint d'attouchements sur ses parties intimes. Convoqué à un entretien, l'animateur parle d'un geste involontaire et se défend d'être "pédophile". Il fait l'objet d'un avertissement. En 2013, nouvelle plainte: le Val, structure communale qui emploie l'animateur, le suspend et alerte les services du département pour solliciter une "expertise", a rapporté à l'audience le directeur de l'organisme.
"Jamais eu le sentiment qu'il était dangereux". À la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS), "jamais" il "n'y a eu le sentiment qu'il était dangereux, sinon il aurait eu une mesure d'interdiction", a assuré à son tour une agente départementale. Une commission rend alors un avis concluant à un "problème de positionnement professionnel" de l'animateur, lié notamment au fait qu'il est travailleur handicapé, et il est autorisé à reprendre le travail avec un "suivi pédagogique" de 6 mois. "Pour quelle raison le procureur n'a pas été avisé ?", a demandé à plusieurs reprises la présidente, parlant d'un "système "opaque". "Tout citoyen, tous, nous avons l'obligation" de "dénoncer les faits qui concernent des mineurs de moins de 15 ans", a-t-elle rappelé.
Le verdict est attendu vendredi. Tout en disant "comprendre la colère des parents", la nouvelle responsable légale du Val, Sandrine Locqueneux, a défendu la structure: "Aujourd'hui, en ayant connaissance des éléments de l'accusation, de la reconnaissance des certains faits, évidemment, cela peut poser question. Mais en 2012 et 2013, le Val a fait le nécessaire en matière de signalement". Verdict attendu vendredi.