L'association franco-sénégalaise Mémoires et Partages appelle lundi le gouvernement à "revenir sur l'annulation" du concert de Black M, prévu le 29 mai après la commémoration officielle du centenaire de la bataille de Verdun, en 1916, pendant la Première Guerre mondiale.
Revenir en arrière. "Il est encore possible de revenir sur cette annulation parce que même le crayon du bon Dieu a une gomme" : c'est par cette citation de l'homme politique et poète martiniquais Aimé Césaire que l'association demande au gouvernement d'"user de tous ses pouvoirs pour défendre l'unité de la jeunesse française dans sa diversité (...) et le droit à la participation et à la citoyenneté de tous ses enfants, fussent-ils égarés".
Une "capitulation de l'État". Dans un communiqué, Mémoires et Partages estime que "le concert d'indignation et l'émoi soulevés après l'annulation de la participation" de Black M aux commémorations, où sont attendus le chef de l'État français, François Hollande, et la chancelière allemande Angela Merkel, "obligent les autorités locales et nationales à réparer un stigmate préjudiciable à l'unité nationale". "Cette exclusion, véritable 'capitulation' de l'État face à la haine extrémiste et frontiste, est un massacre institutionnalisé de la solidarité nationale", déclare Karfa Sira Diallo, directeur de Mémoires et Partages.
Un polémique "d'une ampleur sans précédent". Cette association, basée à Bordeaux et à Dakar, s'est vu accorder le label de la Mission 14-18 pour son exposition Frères d'âmes, présentée à La Rochelle. Le concert du rappeur Black M, 31 ans, membre du groupe Sexion d'Assaut et lui-même petit-fils de tirailleur sénégalais, devait réunir des milliers de jeunes Allemands et Français au soir du 29 mai, après la cérémonie officielle. Cette programmation avait suscité l'indignation de nombreux élus, essentiellement d'extrême droite et de droite. Après plusieurs jours de polémique, le maire PS de Verdun, Samuel Hazard, avait annoncé vendredi l'annulation du concert en raison de "risques forts de troubles à l'ordre public", dans un contexte de "polémique d'une ampleur sans précédent" et de "déferlement de haine et de racisme".