Annulation de la braderie de Lille : "un choc" pour les commerçants

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avec Hélène Fromenty , modifié à
Même si certains disent comprendre la décision, les commerçants accusent le coup. 

La nouvelle est tombée, brutale, vers 11 heures du matin vendredi. L’édition 2016 de la braderie de Lille qui devait se tenir les 3 et 4 septembre, n’aura pas lieu, ont annoncé le préfet de région du Nord et Martine Aubry, la maire de la ville. Les conditions de sécurité, alors que les risques d’attentat sont élevés, n’étaient pas réunies. Les conséquences économiques de cette décision sont forcément très importantes pour les acteurs de l’événement qui a accueilli en 2015 pas moins de 2,5 millions de visiteurs. Exposants, brocanteurs, restaurateurs mais aussi hôteliers… Ils racontent à Europe 1 ce que cette annulation va changer pour eux.

"C’est impensable". Il est l’une des figures de la braderie de Lille. Jacky Marquet est un peu le roi des brocanteurs et forcément cette annulation est pour lui très difficile à digérer. Sur sa page Facebook, dès l’annonce de la nouvelle, Jacky explose : "Catastrophe pour les pauvres qui déballent, comme pour nous les marchands ou retraités marchands, comment payer les taxes en septembre ?" A Europe 1, il confie : "C’est impensable, ça va être une catastrophe nationale, il y a beaucoup de personnes qui en vivent de cette braderie".

Il n’est pas le seul en colère. Thierry Grégoire, le président de l’UMIH du Nord Pas de Calais (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie éructe : "Il n’y avait pas de raisons d’annuler purement et simplement ! Demain, on va nous supprimer les terrasses de café ? C’est très difficile d’accepter ça 30 jours avant !"

Entendu sur europe1 :
La braderie, c'est des dizaines de millions d'euros

"De la casse sociale et économique "… Le manque à gagner s'annonce dès lors très important. "C’est un choc pour beaucoup de mes collègues, je reçois énormément d’appels depuis ce matin", avance Thierry Grégoire, le président de l’UMIH. "La braderie, c’est des dizaines de millions d’euros chaque année, il y va y avoir de la casse sociale et économique", ajoute-t-il, avant de préciser que les extras, ceux qui viennent aider uniquement pour la braderie entre 3.500 et 3.600 personnes, vont devoir être décommandés.

…. Dans les restaurants… C’est exactement ce que s’apprête à faire Bastien Desmons, co-gérant du restaurant La Ducasse. "On avait embauché 15 extras cette année, on ne va pas pouvoir les garder". Et la perte s’annonce importante : "C’est plusieurs milliers de couverts en moins, normalement le volume du restaurant est multiplié par deux, ça représente une quinzaine de jours d’activité normale sur deux jours ! On nous supprime quelque chose qui est important dans notre vie, poursuit-il avant de se faire plus optimiste : "Mais je connais les Lillois, il y aura une fête ce weekend là et on fera des moules !"

…Et les hôtels… Du côté des hôteliers, on se prépare à beaucoup d'annulations dans les prochains jours. Les directeurs d'établissements s'attendent à des pertes conséquentes. Ils vont en effet devoir revenir à une tarification normale alors que les prix des chambres sont normalement plus chers pour l’événement. "On va revenir à un prix de 150 euros au lieu de 199", explique-t-on au Best Western Up Hotel. "Nos chambres étaient affichées à 140/150 euros au lieu de 70", renchérit la responsable de la Villa Gounod. "Tout l’hôtel était complet… ", conclut-elle. 

Certains comprennent malgré tout. Mais il y a aussi ceux qui comprennent les raisons de cette annulation. Laurent Merle, responsable du magasin "Le marchand d’oublis", explique à Europe 1 : "C’est un soulagement, il y avait tellement de risques… ". Depuis 30 ans, ce brocanteur et décorateur participe à la braderie pour "liquider les mauvais achats ou les invendus" mais cette année, bien avant la décision prise ce matin, il avait fait le choix de ne pas y aller. "Pour des raisons de sécurité", précise-t-il. Interrogés par Europe 1, d'autres restaurateurs confient aussi comprendre cette décision, en dépit des répercussions économiques.