Après la mort de son mari, Mariana veut un enfant avec lui

© THOMAS SAMSON / AFP
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Pierre Herbulot et Mélanie Gomez avec C.G.
Une jeune veuve voudrait obtenir le droit de faire un enfant avec son mari décédé. L'affaire est examinée vendredi par le Conseil d'État.

Mariana Gonzalez-Gomez voudrait avoir un enfant avec son mari. Mais cette Espagnole est veuve depuis juillet 2015 - son mari, Nicola Turri, est mort d'un cancer en juillet dernier. Le couple avait tout prévu pour que la jeune femme puisse tomber enceinte, sauf la loi française qui interdit l'insémination post-mortem. Le Conseil d'Etat se penche vendredi sur son cas.

Un projet de couple. Pour étayer sa demande, Mariana peut s'appuyer sur le testament de son mari. En 2013, lorsqu'il apprend qu'il est atteint d'un cancer, Nicola fait congeler son sperme car son traitement risque de le rendre stérile. Les jeunes gens se sont rencontrés quelques années plus tôt, lors d'un voyage à Londres. Ils ont alors 26 et 27 ans, tombent amoureux et s'installent à Paris. Alors que la maladie progresse, Nicola prend le soin d'écrire dans son testament qu'il veut que sa compagne puisse utiliser le sperme congelé s'il venait à mourir. Il disparaît deux mois plus tard.

Des législations différentes en France et en Espagne. Le problème, c'est que le sperme a été congelé en France. Or si l'insémination post-mortem y est interdite, la pratique est autorisée en Espagne, dans un délai d'un an après le décès de l'homme. Mariana demande le transfert vers l'Espagne du sperme congelé. Une course contre la montre est donc lancée. Le 9 juillet, il sera trop tard.

Après un premier refus du tribunal administratif, le Conseil d'Etat va examiner vendredi la requête de la jeune veuve espagnole. Mais la plus haute juridiction française s'était prononcée contre les inséminations post-mortem dans un rapport de 2009, à l'occasion des états généraux de la bioéthique, craignant des difficultés psychologiques lourdes pour "l'enfant né en deuil".Mariana est soutenue dans sa démarche par le gynécologue français François Olivennes, qui devait réaliser l'insémination le jour où Nicola est décédé. "Ma conclusion, c'est que ce couple étant étranger et soumis à la loi de son pays, il me paraîtrait logique que cette femme puisse récupérer les paillettes. Le couple ne demande pas à faire cette insémination en France. Par humanité, on pourrait accepter", a-t-il jugé sur Europe 1.

En attendant la décision du Conseil d'Etat, Mariana se dit désormais prête à aller devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme.