"Ce n'était l'heure de partir pour aucun d'entre eux". La dernière journée d'hommage aux quatre personnes tuées vendredi lors des attentats de l'Aude a commencé dans l'émotion à Trèbes, "petite ville d'Occitanie que rien ne prédisposait à vivre" l'attaque du djihadiste.
"Déchirement" des familles. Devant Edouard Philippe, accompagné des ministres de l'Intérieur Gérard Collomb et de la Justice Nicole Belloubet, le maire de Villedubert, dont la première victime était originaire, a débuté, étranglé par le chagrin, l'hommage solennel sur la place des armes de Trèbes où avaient été alignés les cercueils des trois Audois tombés sous les balles du tueur Radouane Ladkim. "Ce n'était l'heure de partir pour aucun d'entre eux", a déclaré Marc Rofes, évoquant le "déchirement" des familles réunies devant lui, le visage grave, souvent en sanglots.
"Fière de ses valeurs". "Vous êtes tombés sous les balles du terrorisme et avez emporté avec vous l'insouciance d'une petite ville d'Occitanie que rien ni personne ne prédisposaient à vivre de tels événements", a poursuivi le maire de Trèbes, Eric Menassi. "Trèbes au sein de la République restera debout et fière de ses valeurs", a conclu la voix soudainement cassée par l'émotion, le premier élu de la commune dont le petit supermarché a été la cible de l'islamiste. Les proches de Jean Mazières, 61 ans, de Christian Medves, 50 ans, et de Hervé Sosna, 65 ans, ont ensuite déposé des roses blanches sur les trois cercueils, avec les autorités, avant que résonne la Marseillaise. Plusieurs centaines d'habitants et des proches des victimes s'étaient rassemblés, en cette matinée froide et ensoleillée, sur la petite place proche des arènes de cette ville paisible.
"Antithèse de la haine". Premier à être tombé sous les balles de Ladkim, Jean Mazières, viticulteur à la retraite. Le petit délinquant radicalisé l'a abattu dans une voiture stationnée sur un terrain boisé de Carcassonne peu avant 10h. Le tueur de 25 ans, qui s'est revendiqué du groupe Etat islamique, s'est ensuite rendu au Super U de Trèbes et a tué immédiatement près des caisses un employé, Christian Medves, chef boucher d'origine italienne, père de deux filles, ainsi qu'un client, Hervé Sosna, maçon à la retraite. "Deux Trébéens qui étaient l'exacte antithèse de la haine et de l'obscurantisme", selon le maire. Leurs obsèques auront lieu séparément jeudi à Trèbes et Villedubert dans la stricte intimité familiale.
Messe des obsèques du colonel Beltrame. Les ministres de l'Intérieur et de la Justice, cette fois sans le Premier ministre, se sont ensuite rendus à Carcassonne pour visiter l'Espace d'information et d'accompagnement des victimes puis ont assisté en fin de matinée à la messe des obsèques du gendarme Arnaud Beltrame à la cathédrale Saint-Michel. Agé de 44 ans, marié sans enfant, le colonel Beltrame s'était substitué à une otage dans le supermarché, laissant son téléphone ouvert pour aider les forces de l'ordre. Il a été mortellement blessé au cou par Lakdim, abattu lors de l'assaut du GIGN.