C’était l’une des grandes promesses d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. "Je créerai tous les postes d'auxiliaires de vie scolaire (AVS) pour que les jeunes enfants vivant en situation de handicap puissent aller à l'école", assurait le candidat d’En Marche en février dernier. Sauf que trois mois après la rentrée, les résultats se font encore attendre. "Les enfants sont à l’école" mais "certains n’ont pas d’AVS", a reconnu sur RTL la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées Sophie Cluzel lundi matin avant d’annoncer une accélération du nombre de créations de postes : + 11.200 postes en septembre 2018.
Quel est le besoin en France ? Mi-septembre, selon le ministère de l’Éducation nationale, un peu plus de 3.000 élèves handicapés n’ont pas pu être scolarisés faute d’AVS. Pour cette rentrée 2017, sur plus de 300.000 élèves handicapés scolarisés en milieu ordinaire, quelque 164.000 avaient besoin d’un AVS ou d'un accompagnant d'élèves en situation de handicap (AESH), selon un communiqué du ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer publié fin août. Ainsi, 160.720 enfants (98%) avaient vu leur demande honorée et 3.280 étaient encore en attente.
Les chiffres donnés par le ministère ne sont pas au goût de certaines associations. "Même si nos chiffres ne sont pas directement extrapolables, nous estimons que 10.000 à 30.000 élèves handicapés sont privés d'AVS", assuraient au Parisien fin septembre plusieurs organismes qui travaillent notamment avec des enfants autistes.
"Il manquera toujours des AVS tant que l'on sera sur un système précaire avec des contrats aidés (pour moitié des accompagnants, ndlr)", assure lundi Sophie Cluzel. "Le système ne fonctionne pas. Les budgets sont là mais on a des problèmes de recrutement". Le recrutement serait donc le gros problème des AVS.
De nouveaux postes dès 2018. Pour essayer de ne pas reproduire le même nombre de fausses notes à la rentrée prochaine et garantir une promesse du président de la République, le gouvernement va accélérer. "On veut aller vers une professionnalisation des accompagnants. On va accélérer ce recrutement" et créer "11.200 postes", a annoncé la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées lundi matin sur RTL. "On accélère de 4.800 postes par rapport à la Conférence nationale du handicap de 2016".
Un contrat durable et plus de formation pour les AVS. Au-delà des créations de postes, Sophie Cluzel et le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer veulent "changer le système". "Les contrats seront beaucoup plus pérennes parce que ce sont des contrats "Education nationale'", promet Sophie Cluzel.
Il subsiste aussi un problème de formation des enseignants, pas toujours prêts à affronter des situations de violence. Et pour cause, depuis la loi de février 2005 sur "l’inclusion systématique" des enfants handicapés, ces enfants sont scolarisés dans des écoles ordinaires. "On va accélérer aussi la formation de ces personnels", a promis la ministre. Et de poursuivre : "il faut arrêter d’opposer les enfants aux uns et autres" pour tirer "une force de l’école inclusive". En attendant de voir concrètement ces mesures, les associations que nous avons interrogées renvoient le même message à l’Etat, celui d’une "véritable prise de conscience sur le handicap", "encore trop délaissé à l’école depuis de nombreuses années".