À peine remis de crises à répétition, le monde agricole, qui organise à partir de samedi le 55ème Salon de l'Agriculture, cherche à être rassuré sur son avenir, suspendu à la promesse d'une meilleure rémunération.
Un défilé mercredi. Mais avant ce grand rendez-vous public, les agriculteurs vont défiler mercredi à l'appel du premier syndicat, la FNSEA, et des Jeunes agriculteurs (JA) dans toute la France, pour manifester leurs préoccupations à Emmanuel Macron et au gouvernement.
La crainte d'un accord avec les Mercosur. Le possible feu vert de la France à un accord de l'Union européenne avec les quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) risque de provoquer l'entrée de milliers de tonnes de viande bovine sur le territoire français, au grand dam des éleveurs français.
La carte des zones défavorisées. Autre motif d'inquiétude, la révision de la carte des zones défavorisées, qui va faire sortir 1.400 communes de ce dispositif ouvrant droit à une aide conséquente : l'indemnité compensatoire de handicap naturel (ICHN). Elle donne lieu depuis plusieurs semaines à des manifestations d'agriculteurs dans les départements français les plus touchés par la révision de la carte.
"Faire passer un message sur l'avenir de l'agriculture" ? Autant d'inquiétudes qu'Emmanuel Macron devra apaiser lors de sa réception jeudi d'un millier de jeunes agriculteurs avant une longue visite pour l'ouverture du Salon samedi. Cette réception à la veille du salon "peut laisser penser à la volonté de faire de la communication. Mais peut-être y a-t-il aussi la volonté de faire passer un message sur l'avenir de l'agriculture", veut croire le président des JA, Jérémy Decerle.
Un léger mieux dans la profession. Pourtant après des années de crises climatiques, sanitaires et économiques qui ont ébranlé nombre de branches agricoles, la profession entrevoit un léger mieux. "Les producteurs de viande bovine, de lait et les arboriculteurs vont mieux", résume Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, mais "40% des céréaliers ont des résultats négatifs", ajoute-t-elle. Les céréaliers et les viticulteurs, pourtant souvent considérés comme les plus solides, ont connu de sérieux trous d'air avec le gel qui a touché les vignes au printemps dernier et un effondrement des cours mondiaux du blé depuis 2016.
Un projet de loi protecteur pour les producteurs. Ce léger mieux se double des grands espoirs nés chez les paysans de la tenue des États généraux de l'alimentation au second semestre 2017, décidés par Emmanuel Macron, mais dont les résultats doivent encore se concrétiser.
Première conséquence, le projet de loi issu de ces discussions doit permettre aux agriculteurs d'être rémunérés sur la base de leurs coûts de production, et impose à la grande distribution un encadrement des promotions et des ventes à perte. Dans l'attente de cette loi, les négociations commerciales demeurent difficiles, en dépit des promesses contenues dans la charte de bonne conduite signée par la grande distribution.
Quelle répartition pour les cinq milliards d'euros d'investissements ? Une des annonces les plus attendues reste la répartition des cinq milliards d'euros d'investissements promis pour moderniser tous les métiers de l'agroalimentaire, que pourrait dévoiler Emmanuel Macron lors du Salon. Pour bénéficier de ces investissements, toutes les filières agricoles ont travaillé sur leurs forces et faiblesses pour proposer des mesures concrètes d'amélioration et leur vision d'avenir.