Le bac arrive à son terme, et depuis quelques années beaucoup de voix s'élèvent pour dire que cet examen est, sous sa forme actuelle, à bout de souffle. Le gouvernement a d'ores et déjà annoncé son intention de le reformer, mais la question divise le monde éducatif. Alors pourquoi le débat autour de cet examen n'avance pas ?
Un bac trop coûteux et mal coté. Les critiques récurrentes sont connues : le bac fait perdre des heures de cours en fin d'année, la mise en place de l’examen coûte cher (56 millions d'euros) et surtout, beaucoup estiment que le bac ne remplit plus son rôle historique de certificat d'entrée en études supérieures.
"Le paradoxe dans lequel on est, c’est qu’on a plus de 85% de reçus au bac et qu’on a seulement 40% des étudiants qui décrochent leur licence. On est à des taux d’échec absolument faramineux", déplore Philippe Tournier, porte-parole du syndicat des chefs d'établissement. "Ce qui veut dire que ce baccalauréat n’évalue pas les compétences des élèves. Et quand il y a besoin de regarder les résultats des élèves, je pense notamment aux formations sélectives, on ne regarde pas les résultats au bac mais les résultats trimestriels. Donc à quoi sert le bac ? La réponse est simple : à rien".
Test de sortie de terminale ou d’entrée à la fac ? Mais cet avis ne fait pas l’unanimité dans le monde éducatif. Pour certains chercheurs ou syndicats d'enseignants, le baccalauréat ne doit pas être un diplôme d'entrée pour les études supérieures mais bien un certificat de sortie de terminale. Et pour eux, cet examen est très utile car il valide au niveau national toutes les connaissances acquises au lycée.
Un contrôle continu et quatre épreuves écrites. Pendant la campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron avait promis de reformer le bac. Mais à quoi pourrait ressembler ce nouvel examen dans le futur ? Pour alléger le dispositif, l’idée est d’évaluer les élèves, en fin de terminale, sur deux ans de contrôle continu et sur quatre épreuves écrites seulement au moment de l'examen.
Pour le nouveau ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, ce serait l'occasion de renforcer les exigences dans les matières clés de chaque série, et de mieux préparer les lycéens à l'enseignement supérieur. "Pourquoi pas", répond le SNES, principal syndicat des enseignants du secondaire. Mais Valerie Sipahimalani, l'un de ses porte-parole, s'interrogeait sur il y a quelques jours sur Europe 1 sur le choix de ces quatre futures épreuves du bac. "Si vous prenez par exemple la série S, vous avez déjà Maths, Physique, SVT, ça fait trois", explique-t-elle. "Après, ça veut dire, est-ce que vous passez l’Histoire-géo ou la Philo ? Moi, je dis 'bonne chance' au ministre qui tentera de supprimer une de ces deux matières à l’écrit du baccalauréat."
Une réforme qui prendra du temps. La réflexion doit démarrer dès l’automne prochain. Mais au ministère, on nous confie déjà que les discussions "prendront sans doute trois ans, pour limiter les clashs". Le bac 2018 risque donc d'être très semblable au bac 2017.